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En Bretagne, les roux à l'honneur pour lutter contre les discriminations

"Tu sens mauvais, tu n'as pas d'âme, t'es moche" ... sont autant de témoignages recueillis par le photographe Pascal Sacleux lorsqu'il a réalisé ses 816 portraits de roux. Afin de mettre en lumière "la beauté rousse", il a créé Red Love, premier festival français consacré aux roux qui se déroulera samedi à Chateaugiron, en Bretagne.

"Un matin en écoutant France Info, j'entends: +petit, rondouillard et rouquin et pourtant il aura connu huit mariages et non des moindres, Mickey Rooney (acteur américain, ndlr) est mort+", raconte le photographe. "Imaginez si vous remplacez +rouquin+ par obèse, handicapé ou une ethnie..."

Ce commentaire d'une journaliste sera le point de départ de son combat contre la "discrimination envers les roux". "Une fois au lycée, quelqu'un a dit devant tout le monde: +il pleut, tu pues le chien mouillé+, rapporte Pascal Sacleux.

En sillonnant la Bretagne à la recherche de têtes rousses, il récolte de nombreux témoignages de souffrance, de harcèlement, "à en pleurer", notamment dans les campagnes.

"Les gens ne s'en remettent pas complètement. Et quand à 30 ans un roux va se présenter à un entretien d'embauche, il risque d'être mal dans sa peau si depuis tout petit on lui dit qu'il est moche", commente le photographe qui tempère cependant: "tous les roux n'ont pas souffert le martyr, moi le premier".

-Objet de fantasmes-

"D'une manière globale qu'ils soient un garçon ou une fille, c'est vraiment quand ils commencent à avoir la preuve de plaire, qu'ils rencontrent l'amour, que les choses deviennent plus facile pour eux. Certaines jeunes filles, elles deviennent même l'objet de fantasmes", analyse-t-il.

"Les roux sont tendance, on les voit dans la pub, il y a le prince Harry, Ed Sheeran, miss France même si c'est une fausse rousse...Pourvu que cela ne reste pas qu'un fantasme", souhaite le photographe roux.

Pour ses différentes prises de vue collectives dans les centre-villes de Quimper, Vannes, Carhaix, un régiment de roux débarque, de tous âges, toutes catégories socio-professionnelles, pour être photographié. "Chacun me remerciait", se souvient l'artiste.

De ses 816 portraits, le photographe réalise une exposition et un livre "Être(s) roux" évoquant la rousseur à travers l'histoire et la science. Les préjugés y sont aussi étudiés.

"Historiquement cela remonte à l'Egypte antique: un pharaon qui a trahi son frère. Les roux représentaient désormais la trahison mais, en même temps, on les vénérait car ils descendaient d'un pharaon: un côté divin et diabolique", détaille Pascal Sacleux. "Si on se focalise sur la société française, sous l'inquisition au 13e siècle, les roux étaient considérés comme la marque du diable. Sous Saint Louis, les prostitués étaient obligées de se teindre en rousse. On disait que lorsqu'un roux naissait, il était forcement le fruit de l'adultère". Ces "boulets" vont rester ancrés dans l'inconscient jusque dans la société actuelle.

L'idée du photographe d'organiser la Red Love, premier rassemblement de roux en France, lui vient lors du vernissage de son exposition à l'aéroport de Rennes. "Moi qui n'étais jamais allé à un rassemblement de roux, il y en avait un qui se produisait sous mes yeux!"

Ce festival est à l'image des Ginger Pride +fierté rousse+ qui existent en Irlande, au Canada ou, le plus connu internationalement, "Roodharigendag" aux Pays-Bas.

"L'idée est de se retrouver tous ensemble, que les gens se sentent à leur place mais on a une approche universelle", explique Pascal Sacleux. La Red Love est ouvert aux blonds, bruns et autres teintes. Les organiseurs attendent près de 1.000 personnes venus de toute la France mais aussi de Belgique et d'Espagne. Des animations, concerts seront proposés toute la journée et 18 femmes rousses vont défiler en robes de mariées.

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