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Festival de jazz de Montreux : pour perpétuer la légende

Le récital inoubliable de Nina Simone en 1976, les trois concerts de Prince en 2013, "Smoke on the water" --titre culte de Deep Purple composé sur les décombres encore fumants du casino-- ou encore l'apparition de Miles Davis en 1991 trois mois avant sa mort: pour sa 52e édition qui débute vendredi, le festival de Montreux en Suisse veut continuer à écrire sa légende.

Alors que les festivals se sont multipliés et que les artistes "tournent" en permanence, le succès du rendez-vous montreusien ne se dément pas. Et ce malgré la disparition en 2013 de "Funky" Claude Nobs, l'homme qui avait imaginé ce rendez-vous né il y a un peu plus de cinquante ans, en 1967.

"Plus que jamais, le festival est fidèle à la volonté de Claude (Nobs)", explique à l'AFP son successeur Mathieu Jaton. "C'est un état d'esprit, une philosophie, avec un ancrage sur la musique noire américaine et une ouverture sur le jazz, la soul, le blues et le rock".

- "Une bulle de liberté" -

Si plusieurs des géants qui ont fait la légende de Montreux ont disparu, tels Miles Davis, BB King, Nina Simone, David Bowie, Prince ou encore Leonard Cohen, certains artistes choisissent de s'y produire, car ils savent que "Montreux reste une bulle où l'on peut créer et innover, avec cette notion de liberté et de partage, propres à l'ADN du jazz", souligne M. Jaton.

Ainsi en 2013, pour rendre hommage à Nobs, Prince est-il venu donner trois concerts trois soirs de suite, dont le premier consacré à un répertoire jazz.

"Sur scène , il fait 45 minutes de jazz magistral, puis il fait un jam à 4h du matin et finit seul au piano au Palace", raconte, admiratif, Mathieu Jaton.

Sans oublier Neil Young qui joua 3 heures d'affilée ou le chanteur de Muse, Matthew Bellamy, inquiet de la réaction du public face à ses créations.

Différent par son format, le festival de la Riviera vaudoise n'est pas un grand +open air+, il propose des concerts dans des salles fermées, dont son vaisseau amiral le Stravinki, à l'acoustique irréprochable.

Preuve de son succès, la salle de concert dédiée aux musiques jazz, blues et soul, change de lieu cette année pour passer de 300 à 600 places assises. Cette nouvelle "House of Jazz" accueillera, outre les grands noms du jazz, des projets plus singuliers comme un concert du Brésilien Seu Jorge qui interprètera le 5 juillet ses reprises de Bowie en portugais.

Autre particularité, Montreux associe chaque soir durant deux semaines des affiches que l'on pourrait croire mal assorties à la première écoute.

Ainsi, le chanteur pop français Etienne Daho ouvrira-t-il la scène le 29 juin, avant le jazzman italien Paolo Conte. L'Américain Van Morrison partagera lui la scène avec le Britannique Steve Winwood le 11 juillet.

- Lady Gaga prolonge -

"Certains artistes demandent à venir, car ils se sentent ici chez eux", confie François Carrard, président de la Fondation du festival de Montreux, qui a bien connu Claude Nobs.

"On soigne leur accueil au Montreux Palace, avec une zone un peu privatisée pour qu'ils se sentent bien, comme Lady Gaga qui ne voulait plus partir", ajoute l'avocat, ancien directeur du Comité international olympique et lui-même "modeste pianiste de jazz".

En 2016, après son concert avec le crooner Tony Bennett, l'extravagante Américaine s'était en effet attardée. "Elle était avec son petit ami et devait repartir le lendemain", se souvient M. Jaton. "Finalement, elle est restée cinq jours et on a dû lui trouver un bateau (...) car elle voulait découvrir le lac".

Le musicien et compositeur américain Quincy Jones "passe ici des semaines, depuis des années, car il sait qu'il va pouvoir rencontrer de nombreux artistes", ajoute M. Jaton.

Et beaucoup de musiciens, tel l'Israélien Avishai Cohen qui vient cette année en famille, "me confient que Montreux est le seul endroit où ils viennent en vacances sur leur lieu de travail".

Pour que la légende se perpétue, Montreux continue aussi à innover et donne sa chance à des espoirs, comme le Flamand Tamino. "On espère qu'il aura la même reconnaissance que Jamie Cullum ou Rag'n Bone Man, qui ont aussi chanté lors de la conférence presse de présentation", sourit M. Jaton.

Et s'il avait un souhait? "Sade sur scène à Montreux en 2019, j'en rêve!".

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