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Fierté et excitation pour le premier concert de jeunes musiciens des quartiers

L'excitation et la fierté d'être sur scène n'entament guère leur application: issus de quartiers défavorisés, 120 enfants de l'orchestre Demos Lyon Métropole ont donné samedi leur premier concert, à l'Auditorium de Lyon, devant leurs familles enthousiastes.

Agés de 7 à 9 ans, ces enfants - originaires de Bron, Décines, Givors, Lyon 8e et Vaulx-en-Velin - participent depuis la rentrée de septembre au projet Demos (Dispositif d'éducation musicale et orchestrale à vocation sociale) qui leur offre pendant trois ans un apprentissage collectif d'un instrument - cordes, bois ou cuivres.

Zaki, 8 ans, n'en avait jamais vu, "sauf à la télé". La première fois qu'il a tenu son violon dans les mains, il était "impressionné", mais maintenant il "s'en sort bien", assure-t-il fièrement.

"Quand ils m'ont donné le violon, c'était comme un cadeau", s'exclame Selma, 7 ans. "C'était dur au début, mais j'ai rencontré des amis et maintenant je connais le morceau par coeur", sourit la fillette aux longues boucles brunes, qui "s'entraîne à la maison deux fois par semaine".

Pour sa mère Feitiha Nekkia, qui "aurait adoré apprendre à jouer du violon étant jeune", ce projet "est une chance inouïe". "On a été enthousiastes toutes les deux", assure celle qui est venue en famille assister au concert.

Tout aussi convaincue, Halima Zergal, qui "a grandi au Maroc", a inscrit ses deux enfants au violon et au violoncelle. "Là-bas, la musique c'est pour les riches et j'ai voulu leur donner la chance que je n'ai pas eue", confie-t-elle émue.

Sous la baguette du chef d'orchestre Maxime Tortelier, les enfants vêtus de rouge et de noir ont attaqué le chant de marins traditionnel "Encore et hop !", encadrés par des chefs de chœur. Puis, accompagnés par plusieurs musiciens, ils ont joué de mémoire, avec leurs instruments, un extrait des "Feux d'artifice royaux" de Haendel.

- "Appétit d'apprendre" -

Leur performance s'est achevée sur un chant traditionnel de Rhodésie, "Shosholoza", suivi d'une danse des mineurs noirs d'Afrique du Sud, "Gumboots", mêlant les percussions corporelles dans une joyeuse communion avec les spectateurs.

"C'est impressionnant de présenter au public 120 enfants qui vont jouer ensemble d'un instrument qu'ils n'ont entre les mains que depuis six mois !", se félicite Maxime Tortelier, émerveillé par "l'appétit d'apprendre" de certains d'entre eux.

Lancé par la Philharmonie de Paris en 2010 et essaimé depuis dans une trentaine de villes, le projet Demos a été présenté aux enfants en juin. Les candidatures ont été finalisées à la rentrée avec deux critères: l'envie des futurs musiciens et le soutien de la famille qui va "influencer l'implication de l'enfant", explique la coordinatrice Cécile Martinon.

"C'est une démarche basée sur le plaisir. Ils n'auraient jamais eu accès à la musique sans ce projet", qui représente un budget annuel de 280.000 euros, assumé à parts égales entre l’État, les collectivités locales et des mécènes, ajoute-t-elle.

A raison de trois heures trente hebdomadaires, en deux ateliers, encadrés par des musiciens professionnels et des travailleurs sociaux, les enfants ont débuté avec le chant et la danse "pour déverrouiller leurs corps". Ils pratiquent depuis fin janvier l'instrument qu'ils ont choisi "à l'issue d'un mois de découverte".

"Il y a un moment de grande excitation quand les enfants reçoivent les instruments mais après, ça demande de l'énergie", note-t-elle. Aussi pour surmonter la "baisse de moral" survenue en février, "il a fallu réfléchir à des outils pédagogiques pour animer la séance", ajoute-t-elle.

"Ce sont des enfants qu'il faut toujours cadrer et valoriser, c'est un équilibre à trouver", d'autant qu'il y a parfois des "tensions entre eux à la suite de ce qui se passe à l'école ou chez eux", ajoute Lucie Large, violoniste de 23 ans qui co-anime les ateliers du groupe de Bron.

De fait, conclut-elle, "l'objectif de vivre ensemble, d'arriver à s'écouter et se respecter, est autant au coeur du projet que les objectifs musicaux".

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