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François Alu, danseur rockstar de l'Opéra de Paris

On le surnomme "Alu-cinant". Avec ses sauts athlétiques, son physique de joueur de rugby et son franc-parler, François Alu, danseur soliste à l'Opéra de Paris, détonne par son style atypique.

A 24 ans, celui qui a rejoint le prestigieux corps de ballet en 2010 est devenu le chouchou du public.

Sur le net, ses fans réclament à cor et à cri qu'on le promeuve au rang d'étoile, Alu étant premier danseur, grade qui précède le titre suprême. Un hashtag #AluEtoile circule et, à Garnier comme à Bastille, il récolte les ovations les plus enthousiastes.

Si les danseurs de l'Opéra sont reconnaissables à leurs silhouettes filiformes, Alu, lui, a du muscle. D'autres brillent par leur élégance, lui impressionne par ses tours en l'air qui rappellent plus la virtuosité d'un danseur du Bolchoï.

"J'ai des cuisses assez développées, je voyais dès le début que je n'avais pas les jambes de mes potes", affirme à l'AFP le danseur, qui parle aussi vite que ses pirouettes défilent.

En survêtement dans un studio, il répète le ballet "La fille mal gardée", qu'il danse ce lundi.

- Plus vite, plus haut -

A défaut d'un physique classique, il dit "avoir la chance d'aller plus vite, de sauter haut". A l'Ecole de danse, le soliste aux yeux bleus malicieux essuyait déjà des remarques l'invitant à se mettre au régime. Mais "c'est du muscle, on ne peut pas complètement changer sinon on arrête de manger".

Originaire de Fussy, près de Bourges, il est encouragé à trois ans par sa mère, professeure de danse, à prendre un cours. "Seul garçon", il est un peu Billy Elliot, sauf que le ballet ne l'attirait pas. "Pour moi, c'était s'accrocher à une barre et des filles en tutus. Je n'avais pas de copains, la musique ne me plaisait pas, je trouvais ça ennuyeux."

Le coup de foudre se produit à 10 ans, lorsqu'il voit l'étoile des années 80 Patrick Dupond "bondir dans tous les sens" dans un documentaire.

"C'est l'aspect sportif qui m'a plu", explique celui qui, parallèlement, fait du hip-hop, du modern'jazz et s'est essayé à la salsa et au tango... et même à la boxe.

Le côté hors norme le dérange-t-il? "Au contraire, j'en suis ravi!", s'exclame François Alu, estimant que le public veut voir un interprète, pas un "simple exécutant". "J'aime bien déstructurer le mouvement... mais pas tout le temps. Il faut respecter l'oeuvre!"

- "Bad boy" de l'Opéra? -

Dans les rôles classiques, comme celui du prince Siegried dans "Le lac des cygnes", il joue sur les nuances. "Les gens m'ont dit +on ne t'imagine pas du tout là dedans+ mais c'est ça que j'adore, car je ne vais pas aborder les princes comme tous les autres princes qui ressemblent à des princes", dit celui qui arbore volontiers la barbe.

Son approche un rien rebelle, qui le fait parfois passer pour le "bad boy" de l'opéra, peut faire grincer les dents.

D'autant qu'il n'élude pas les questions brûlantes, comme celle du sondage interne récent qui révélait le mécontentement des danseurs à l'égard de la direction artistique, accusée de manque de dialogue. Ce document, dévoilé par quelques médias, évoquait aussi des cas de harcèlement moral.

"Ce boum dans la presse, ce n'était le choix d'aucun danseur. Ils voulaient que ça reste en interne pour faire évoluer les choses", explique François Alu.

Le ballet de l'Opéra tente de surmonter ce "moment de grande tension" en espérant avoir "été entendu" et que se mette en place une communication plus "fluide", selon lui.

Dans un monde où les langues se délient pour dénoncer le harcèlement, il affirme redoubler de vigilance avec ses partenaires, car "dans la danse, c'est compliqué, on doit embrasser une fille ou lui mettre la main sur le derrière".

Même s'il "serait ravi" d'être nommé étoile, il n'oublie pas ses autres "projets à côté". Il s'est essayé à la chorégraphie, avec un spectacle en octobre dernier au théâtre Antoine. "Pour m'améliorer en tant qu'interprète, rien de mieux que de passer de l'autre côté!"

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