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Grand Corps Malade ou les vertus de l'adaptation

"L'écriture n'a pas été une thérapie, mais une révélation", raconte Fabien Marsaud devenu Grand Corps Malade après un accident aux cervicales et s'être pris de passion pour le slam, qu'il mêle pour la première fois au chant dans son 6e album "Plan B".

"Le plan B c'est un peu l'histoire de ma vie, mais aussi de nos vies à nous tous", explique à l'AFP Grand Corps Malade. "Les choses se déroulent rarement comme on les avait imaginées. Pour mon cas évidemment, il y a eu un accident de parcours plus important. Et il y a eu la suite qui s'est avérée une belle reconversion."

Car le plan A pour Fabien Marsaud c'était plutôt de devenir joueur professionnel de basket. Mais à l'été 1997, quinze jours avant de fêter ses vingt ans, sa vie bascule: il se fracture une cervicale après un plongeon dans une piscine pas assez remplie.

"Tétraplégique incomplet", il retrouve l'usage de ses jambes deux ans plus tard, après une longue rééducation, au cours de laquelle il réapprend également à écrire.

"C'est bien plus tard en 2003 que le slam s'est révélé à moi. Entre-temps, j'allais bien, j'étais autonome, j'avais un métier dans le marketing sportif, des amis... Au début, il y a eu un raccourci un peu facile qui consistait à dire +il s'est relevé grâce à la poésie+. Ce n'est pas du tout vrai", dit l'artiste du haut de son 1,96 mètre.

"La fibre artistique était là, simplement je ne l'avais pas vraiment identifiée. Dès que j'ai découvert le slam, cet univers, ces gens talentueux qui se revendiquent poètes, j'ai écrit. Beaucoup. Et petit à petit j'ai vu grandir une grande passion en moi", enchaîne-t-il.

Douze ans séparent son premier album "Midi 20", qui le révèle au grand public, de son sixième opus "Plan B". "Avec à chaque fois le même objectif derrière l'acte solitaire qu'est l'écriture: partager ma poésie avec le public".

- 'Patients aux César' -

Une façon pour l'artiste de 40 ans de faire sur scène ce qu'il ne peut plus faire au basket. "Il y a un vrai lien entre la compétition sportive et le fait d'être en scène. Il y a l'aspect performance, les répétitions qui évoquent les entraînements, le match qui correspond au jour de concert. Il y a aussi une adrénaline, la montée sur scène ressemble à celle de l'entrée sur un terrain."

Dans "Plan B", il évoque avec la même tendresse sa femme ("Dimanche soir"), sa mère ("J'suis pas rentré") et son deuxième fils dans "Tu peux déjà" où il s'essaie enfin au chant.

"Il est le deuxième, donc le deuxième pour plein de choses. Il va récupérer la trottinette du premier, son vélo... Sa naissance suscite des émotions similaires à la première, mais en même temps on les a déjà vécues. Donc je voulais lui donner la primeur d'au moins une chose. Que ce soit lui qui m'ait donné l'envie de chanter", explique-t-il.

Il s'attache aussi à raconter l'être humain qu'on ne connaît pas derrière le réfugié dans "Au feu rouge" et adopte un ton satirique dans "Patrick", une ballade dédiée à Patrick Balkany, le maire de Levallois-Perret où il a tourné un clip à l'improviste.

A l'aise face caméra, Grand Corps Malade a prouvé qu'il l'était encore plus derrière, avec "Patients" son premier film coréalisé l'an passé avec Mehdi Idir. Adapté de son roman éponyme, le film concourt pour les César le 2 mars.

"On espérait être nommé dans la catégorie premier film et on l'est dans la catégorie meilleur film. C'est incroyable", confie-t-il.

"On a déjà écrit un deuxième scénario. L'histoire se situe dans un collège en banlieue. Ca se nourrit de nos souvenirs, mais on est allé plusieurs fois dans un collège car les enjeux ne sont plus les mêmes qu'à notre époque. Si tout va bien on tourne cet été."

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