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Grand succès d'"Andrea Chénier" pour l'ouverture de la saison de la Scala

L'élite italienne a fait un triomphe à "Andrea Chénier" qui inaugurait jeudi soir la saison d'opéra de La Scala de Milan réservant une ovation nourrie à ses interprètes, au premier rang desquels la diva russe Anna Netrebko.

Cette soirée d'ouverture, suivie d'un dîner de gala, est l'un des moments clé de la vie culturelle italienne.

La Scala, qui mettra cette saison de nouveau à l'honneur la tradition italienne avec huit œuvres sur les 15 opéras présentés, avait choisi pour l'occasion "Andrea Chénier", créé dans ce théâtre en 1896 mais qui n'y avait plus été joué depuis 32 ans.

Le public s'est enthousiasmé pour cet opéra vériste d'Umberto Giordano, qui s'inspire librement de la vie du poète André Chénier guillotiné en 1794, sous la Terreur.

Les artistes ont été salués par des applaudissements nourris pendant 11 minutes, de nombreux "bravi!" et des jets de roses depuis les balcons. A la fin, quelques cris de protestation ont néanmoins été entendus.

L’œuvre, qui n'avait plus été présentée à Milan depuis 1985, était dirigée comme alors par Riccardo Chailly, l'actuel directeur musical de la Scala.

Cet opéra "m'a toujours fasciné par sa beauté et sa complexité musicale", a expliqué Riccardo Chailly, qui s'est dit "étonné qu'une oeuvre aussi liée à l'histoire de la Scala et aussi aimé des Milanais n'y avait plus été jouée depuis 32 ans".

Sur fond de Révolution française, l'opéra raconte l'histoire d'amour tragique entre Andrea Chénier et Madeleine de Coigny, qui choisit de prendre la place d'une autre pour mourir avec son bien-aimé sur l'échafaud.

Ce "drame historique" appartient "à la grande tradition italienne et narre un moment très sombre de l'histoire de la France", a noté Riccardo Chailly, qui fêtera en 2018 ses 40 ans de collaboration avec la Scala.

- Couple vedette sur la scène -

La mise en scène, de Mario Martone, est magnifique, en particulier la réception donnée par la comtesse de Coigny, avec une scène de ballet tout en poésie, et la scène finale où les deux amoureux sont conduits à la guillotine.

"+Andrea Chénier+ met en scène l'amour comme un principe vital, un élan et donc comme origine de toute possible révolution. En même temps, il met en scène l'échec de la révolution, un engrenage dans lequel cet élan s'arrête et devient une machine meurtrière", a noté Mario Martone.

"Dans le spectacle, j'ai tenté de mettre en scène ces deux niveaux: l'Histoire avec un grand H d'un côté et de l'autre côté la musique, les voix, le chœur et l'amour: de la personne aimée, de la justice, de la patrie, de la poésie", a-t-il ajouté.

Les rôles titres étaient tenus par Anna Netrebko et son mari le ténor Yusif Eyvazov.

"Ce fut la soirée la plus émouvante de toute ma vie artistique", a assuré le ténor, qui chantait pour la première fois à la Scala.

Anna Netrebko, qui interprétait pour la première fois Madeleine, a évoqué "un rôle magnifique", et souligné "adorer chanter avec" son mari: "je pense que nos voix s'harmonisent très bien".

La performance du baryton Luca Salsi --qui incarne le révolutionnaire Gérard qui aime -sans retour- Madeleine-- a elle aussi été saluée par le public.

L'opéra était retransmis en direct par la Rai, la télévision publique italienne, et par diverses chaînes et radios dans le monde entier, de même que 280 salles de cinéma.

Plusieurs lieux de Milan, théâtres, musées, espaces publics mais aussi prisons, résonnaient dans le même temps des airs de "Andrea Chénier", avec des projections sur grand écran.

La Scala était placée sous haute sécurité pour l'événement, toujours organisé le 7 décembre, jour de la Saint-Ambroise, le patron de la ville. Conformément à une tradition bien établie, une manifestation était organisée devant le théâtre à l'initiative des syndicats, avec une grande banderole réclamant "les personnes avant les profits", alors que cette soirée d'ouverture est connue pour son faste.

Pour la suite de sa saison, la Scala présentera "Aïda" de Verdi, "Fidelio" de Beethoven, "Elektra" de Richard Strauss ou encore "Die Fledermaus" (La chauve-souris) de Johann Strauss.

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