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Hugo Claus, esprit rebelle, icône de la culture belge, célébré à Bruxelles

Hugo Claus, icône de la culture belge d'expression néerlandaise, dévoile ses multiples facettes d'artiste, au goût prononcé pour la provocation, les femmes et la France, dans une exposition qui ouvre mercredi à Bruxelles pour le dixième anniversaire de sa mort.

Connu pour son roman "Le chagrin des Belges", dans lequel il accuse une certaine bourgeoisie catholique flamande de complicité avec l'occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, ce natif de Bruges (nord de la Belgique), mort par euthanasie en mars 2008 à 78 ans, a aussi été peintre, cinéaste, poète ou dramaturge à scandale.

En 1968, il avait été condamné à une peine de prison avec sursis pour outrage public aux bonnes moeurs, a-t-il été rappelé lors d'une présentation à la presse mardi.

Dans sa pièce "Masscheroen", à l'époque où les étudiants se rebellaient contre l'ordre établi, il avait représenté la Sainte Trinité par trois personnages entièrement nus sur scène.

Dans l'exposition qui se tient au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles jusqu'au 27 mai, sont abordés en huit chapitres tous les aspects de l'oeuvre foisonnante de Claus, via des photos, croquis, affiches ou des effets personnels de l'artiste comme un télégramme de félicitations reçu pour un prix littéraire au tout début de sa carrière.

-'Portrait intime'-

Loin de la rétrospective exhaustive, le parcours relève du "portrait intime", de la "déclaration d'amour à l'homme et à son oeuvre", selon son concepteur, le journaliste et cinéaste belge Marc Didden, qui l'a baptisé "Hugo Claus, Con amore".

En guise d'introduction, une courte vidéo montre l'artiste flamand à la forte corpulence jouer à la pétanque avec des amis sur une place ensoleillée. Le film s'accompagne d'une auto-description, datée de 1994.

"A la pétanque, je suis un +placeur+, rusé comme une fouine. Ici se révèle ma véritable nature: vouloir gagner à tout prix et brouiller les cartes", peut-on lire.

"On apprend bien mieux à connaître mon caractère à la pétanque que dans la littérature", affirme-t-il.

Au chapitre "un Flamand à Paris" sont évoqués plusieurs de ses passages dans la capitale française: Dans les années 50 lorsqu'il y fréquente, sans le sou, le mouvement artistique Cobra, comme son compatriote le peintre belge Pierre Alechinsky. Et trente ans plus tard, après le succès du "Chagrin des Belges", quand il est l'invité en 1985 de l'émission littéraire Apostrophes.

Hugo Claus ironise alors sur "l'esprit français", cette manière de briller en société avec "jeux de mots et calembours". "Quand je vois les Français s'esclaffer sur ce qui ne m'arrache aucun sourire, alors je me sens très flamand", avoue-t-il sur le plateau de Bernard Pivot.

-'On buvait du rosé'-

Réputé fêtard, amoureux des actrices --il a été en couple avec Sylvia Kristel, immortalisée par le film érotique "Emmanuelle", avec qui il a eu un fils en 1975--, Hugo Claus est d'abord "un autodidacte", "un ouvrier du livre", d'après les organisateurs de l'exposition.

Petit rat de bibliothèque à 19-20 ans, quand il a commencé à publier, il est resté un travailleur acharné de l'écriture jusqu'à la fin de sa vie, passée en bonne partie dans le sud de la France.

"Dans les soirées d'amis il y avait un timing", se souvient Marc Didden pour l'AFP.

"J'étais chez lui en Provence, on regardait le mont Ventoux, on buvait du rosé et au moment d'ouvrir une deuxième bouteille il disait +oui, faites, mais moi je vais écrire+ (...) Il était le maître de cérémonie jusqu'à huit heures moins cinq, et à huit heures il était dans sa chambre, il devait finir son livre", a raconté ce témoin des dernières années.

En outre, "peu de gens savent qu'il a fait sept-huit longs métrages. Pour un autre cinéaste belge, ça serait une oeuvre totale, pour lui c'était un à-côté, il faisait ça quand il en avait envie", témoigne Marc Didden.

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