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Japon: tambours, gongs et décapotable, les rituels du trône du Chrysanthème

Les Japonais ont connu au printemps dernier la première abdication d'un empereur en deux siècles. Mardi, ils assisteront à la proclamation de l'accession au trône de leur nouveau souverain, au cours d'une brève mais somptueuse cérémonie.

Naruhito, devenu depuis le 1er mai, à 59 ans, le 126e empereur du Japon, annoncera officiellement en costume de cour traditionnel, à l'adresse de 2.500 personnalités japonaises et représentants étrangers, son arrivée sur le trône du Chrysanthème.

- La proclamation -

La proclamation se déroulera mardi à partir de 13H00 (04H00 GMT) dans la "salle des Pins" (Matsu no ma), la plus élégante du palais impérial à Tokyo, en présence d'une trentaine de personnalités seulement, la majeure partie de l'assistance se trouvant dans des pièces annexes.

Une demi-heure en tout et pour tout, une chorégraphie millimétrée et menée sans un mot d'instruction, seulement rythmée par les tambours et gongs.

Tout d'abord l'empereur doit monter, au sens propre du terme, sur le trône appelé Takamikura, haute structure octogonale richement décorée d'or et de noir, placée sur une estrade et drapée de rideaux violets. A l'intérieur, un siège, somme toute modeste, sur lequel le souverain ne s'assiéra cependant à aucun moment.

Juste à côté se trouvera le trône de l'impératrice Masako, un peu plus petit.

Debout sur l'estrade, l'empereur déclarera son ascension pour recevoir ensuite les félicitations du Premier ministre.

Shinzo Abe criera alors par trois fois "banzai" ("10.000 ans", ce qui signifie "longue vie à l'empereur") en levant à chaque fois les bras.

Les invités devront, eux aussi, répéter ce mot, à l'exception des étrangers, autorisés à s'abstenir.

Le précédent souverain, Akihito, père de Naruhito, devenu "empereur émérite", et son épouse Michiko seront absents.

Ne seront pas admis, car ils sont mineurs, la fille unique de Naruhito, la princesse Aiko, et le prince Hisahito, fils du prince Akishino, frère cadet de Naruhito.

Deux des trois trésors impériaux, une épée et un joyau, considérés comme des preuves essentielles de la légitimité de l'empereur, veilleront cachés sous des étoffes sur ces trente minutes hautement symboliques.

- Le défilé, reporté -

L'empereur devait ensuite troquer son habit d'apparat pour un costume à queue de pie et défiler le même jour dans Tokyo avec son épouse Masako, robe longue et tiare, à bord d'une Toyota Century transformée en décapotable, mais cette parade est reportée au 10 novembre.

Le puissant et meurtrier typhon Hagibis, qui a semé la désolation sur son passage, a poussé le le gouvernement à différer ce grand moment festif et glamour, point culminant d'un cérémonial étalé sur plusieurs mois.

En 1990, lors de la proclamation de l'accession au trône d'Akihito, plus de 100.000 personnes avaient assisté au cortège.

- Riz divin -

En novembre aussi, l'empereur retrouvera des habits traditionnels de cour pour se prêter à un rite traditionnel profondément ancré dans les croyances shinto.

Durant ce "Daijosai", qui remonterait à plus d'un millénaire, le souverain fera don de riz récemment récolté "aux ancêtres impériaux et aux divinités du ciel et de la terre" afin de les remercier pour l'abondante récolte et pour la paix.

Les multiples rituels et cérémonies ont connu des interruptions ou des modifications, mais leur description a été soigneusement gardée au Palais ainsi qu'à Kyoto (ex-capitale, à l'ouest), explique Keiko Hongo, professeure à l'Institut d’historiographie de l'Université de Tokyo.

"Si on voulait ressusciter une cérémonie disparue depuis 500 ans, je pense qu'on pourrait le faire", a-t-elle indiqué au cours d'une conférence de presse.

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