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Japonismes 2018: la France se fait tête de pont de la culture nippone

De l'art préhistorique au premier concert en Europe d'une chanteuse virtuelle: inaugurée jeudi, "Japonismes 2018", plus importante saison culturelle japonaise organisée en dehors de l'archipel, invite durant huit mois à découvrir le meilleur de la création nippone.

"67 grands événements culturels : c'est la plus grande manifestation du genre jamais tenue en dehors du Japon", explique à l'AFP Korehito Masuda, directeur général de Japonismes 2018.

Pour un coût "supérieur à 30 millions d'euros", selon le responsable, entièrement supporté par Tokyo, l'archipel s'offre sa plus grande offensive culturelle, dont le souci manifeste est de contrer la montée en puissance de la Chine, qui investit massivement pour rattraper son retard dans le domaine de l'art.

Se faisant vitrines de la culture nippone, les plus grandes sites de Paris seront investis par le Japon, jusqu'à la Tour Eiffel, pour la première fois illuminée aux couleurs du soleil levant (les 13 et 14 septembre). Une sculpture monumentale du très décapant artiste Kohei Nawa, de plus de 10 mètres de haut et entièrement recouverte d'or, doit de plus être installée jeudi au centre de la pyramide du Louvre, à Paris.

"Il y avait d'autres lieux candidats comme Moscou ou l'Espagne mais ce sont les Français, plus que toutes les autres nations, qui connaissent le mieux la culture japonaise", estime M. Masuda.

Jusqu'à mars 2019 à Paris mais aussi ailleurs en France, "Japonismes 2018" rassemblera ainsi toute la palette de la culture nippone, des sculptures préhistoriques de l'exposition "Jômon" (Maison de la culture du Japon à Paris) à la musique électronique de Ryoji Ikeda (Centre Pompidou), en passant par les dégustations de sake et démonstrations de zen.

Organisé en l'honneur du 160e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la France et le Japon, Japonismes dresse un panorama des arts nippons à travers les âges.

Ainsi, un concert de Gagaku, musique impériale millénaire inscrite au Patrimoine de l'humanité (3 septembre, Cité de la musique à Paris), précèdera la première performance en Europe de Hatsune Miku, littéralement "premier son du futur" (1er décembre à La Seine musicale, Paris). Chanteuse virtuelle créée grâce à un logiciel révolutionnaire, Hatsune Miku apparaît sur scène en 3D dans un look de jeune fille de manga. Devenue une véritable star dans l'archipel, elle a déjà rempli les salles en Asie et en Amérique du Nord.

- Rétrospective Naomi Kawase -

"Nous voulions montrer la continuité de la tradition japonaise jusqu'à nos jours, avec l'intégration de l'art traditionnel et de la technologie", souligne M. Masuda, à l'image de l'exposition immersive du collectif teamLab, à La Villette (Paris), lieu choisi pour l'inauguration, jeudi, du cycle Japonismes.

Sur 2 km2, l'exposition immersive fait interagir le visiteur dans un pays des merveilles faits de samouraïs et de paysages bucoliques à la Miyazaki entièrement numériques, avec notamment une chute d'eau virtuelle de 11 mètres de haut.

Dans le même entrechoquement de tradition et de modernité, l'exposition Fukami (Hôtel Salomon de Rothschild, Paris) fera se dialoguer objets antiques et création contemporaine, comme des poteries vieilles de 11.000 ans avec une robe de la marque Anrealage.

Aux ancestraux théâtres Kabuki et No, répondront également le théâtre contemporain, à l'honneur au prochain Festival d'automne à Paris, ou le hip-hop ("Triple Bill" à Chaillot, Paris).

Balayant également les époques, une rétrospective des cent ans de cinéma japonais sera organisée dès septembre, avant une exposition au Centre Pompidou de Paris consacrée cet automne à la réalisatrice Naomi Kawase ("Les Délices de Tokyo"), première Japonaise à avoir rejoint le jury au Festival de Cannes.

L'intitulé "Japonismes", d'ailleurs sous-titré "Les âmes en résonance", fait appel aux influences remarquables que l'art japonais a exercées en France. Dès la fin du XIXe, les Monet, Van Gogh ou autres Pissarro ont intégré l'esthétisme des estampes japonaises.

Plus tard et jusqu'à aujourd'hui encore, les "japonismes" ont pénétré tous les domaines, de la mode aux arts graphiques, du design à la photographie, comme le prouvera sur 2.200 m2 l'exposition "Japon - Japonismes" (Musée des arts décoratifs de Paris, à partir de novembre).

Le programme complet est disponible sur japonismes.org.

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