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Kalash Criminel: sous la cagoule du rappeur, la douleur et la rage

"Mon style n’est pas violent mais véridique, frontal": le rappeur cagoulé Kalash Criminel, qui a fait le buzz avec un refrain où il est question de "cougars" et de Macron, sort vendredi un premier album où sa "sauvagerie" laisse parfois la place aux confidences.

Dans "La fosse aux lions", premier album autoproduit mais distribué par la major Universal, le rappeur hardcore de 23 ans hurle sa rage sur fond d'histoires de violence et de sexe, avec talent et second degré.

Un disque où ne figure toutefois pas la controversée "Cougar gang", chanson retirée par Universal qui l'a jugée inconvenante à l'endroit du couple présidentiel. Ce qui n'a pas empêché le clip et ses paroles crues de prospérer sur la toile avec près de deux millions de vues, assurant la promotion de cet album et de ce rappeur revendiquant un style "frontal".

"Ce que je dis est violent parce qu’on vit dans un monde violent. (...) je retranscris ce que j’ai vu et vécu", précise le rappeur de Sevran (Seine-Saint-Denis) dans un entretien à l'AFP.

A grand renfort de "sauvagerie" et de "ta-ta-ta" (le bruit d'une arme automatique), hurlés sous cette cagoule qu'il ne quittera pas de toute l'interview, le rappeur creuse le sillon du hardcore depuis ses débuts en 2013.

Avec sa voix grave et son agressivité, il excelle dans ce courant du rap, majeur en France depuis plusieurs années, avec des chefs de file comme NTM puis Booba, Gradur (présent sur l'album), Niska ou encore Kaaris, originaire comme lui de Sevran.

Kalash est né, albinos, en République Démocratique du Congo. "Quand j’étais petit, des membres de ma famille venaient dire à ma mère de m’abandonner ou de me vendre à un marabout", confie le rappeur aux yeux clairs sous la cagoule. "Mais ma mère s’est battue, m’a montré énormément d’amour, et parfois j’essaie de lui rendre, mais c’est impossible".

La famille quittera Kinshasa après l'irruption dans sa maison de "rebelles armés". Kalash découvre la France à 4 ans.

- Fibre politique -

Plus tard, "je tabassais tous ceux qui prenaient mon albinisme pour de la faiblesse", balance-t-il dans "Coltan". Avant de regretter dans une autre chanson: "Les gens que j'ai cogné, il faut me pardonner, j'étais un petit sauvage, à la violence abonné" ("Avant que j'parte").

Kalash est comme ça, alternant rafales pour défendre "l'honneur" et rimes plus intimes.

Son grand frère l'appelait "Kalash" parce qu'il jouait "beaucoup aux jeux de guerre". Il dit ne pas avoir eu de "gros ennuis avec la justice" mais plutôt avec sa mère, le jour où elle a retrouvé une arme chez eux.

Kalash admire les hommes forts, mais pas les gangsters comme Tony Montana ou Pablo Escobar: plutôt "Lumumba, Boumédienne, Sankara, les hommes forts chez nous dont l'Occident a dit bon débarras", rappe-t-il dans "Avant que j'parte".

Sans doute sensible à cette fibre politique, la star du rap engagé Kery James l'a d'ailleurs invité sur deux titres de son dernier album.

Père depuis peu, Kalash s'espère "millionnaire avant la quarantaine" avec ses disques, sa marque de parfums et une autre de vêtements. Avant le rap, il avait commencé des études de management.

La suite, ce sera aussi d’éventuellement faire évoluer son style, comme l'ont fait d'autres rappeurs: sur les 60 morceaux enregistrés pour "La fosse aux lions", "il y avait des morceaux vraiment chantés, limite de la variété", assure l'artiste. Ils pourraient figurer dans son prochain album, déjà prévu pour 2019.

Quant à sa cagoule d'homme armé, il l'a d'abord enfilée pour que ses parents ne le voient pas rapper. Et "un jour", assure-t-il, il l'enlèvera.

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