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L'aventure des créateurs de l'entre-deux guerres à redécouvrir à Pompidou

Fernand Léger, Jean Prouvé, Le Corbusier, Sonia Delaunay, Mallet-Stevens...: les grands créateurs français de l'entre-deux guerres ont pour la plupart appartenu à l'Union des artistes modernes (UAM). Le Centre Pompidou à Paris consacre une exposition inédite à ce mouvement tombé dans l'oubli.

- Association -

Simple association loi 1901 constituée le 15 mai 1929, l'UAM a fédéré des personnalités très différentes s'exprimant dans de multiples domaines, de l'urbanisme à la bijouterie, de la reliure à l'architecture, mais toutes en rupture avec l'académisme ambiant. Elle s'exprime essentiellement à travers des expositions, ses propres salons quatre fois par an à partir de 1930, mais aussi le Salon des Arts ménagers, ceux de la Lumière...

- Résonance -

Pour autant cette constellation de talents venus d'horizons artistiques très variés n'a pas eu une résonance comparable à celle du Bauhaus allemand et du mouvement hollandais De Stijl, et a longtemps été ignorée par les historiens d'art.

"L'installation du Bauhaus aux États-Unis, chassé par les nazis, lui a conféré une fortune critique et De Stijl était organisé autour d'une revue très influente", rappelle Olivier Cinqualbre, chef du service d'architecture au Centre Pompidou et un des commissaires d'"Une aventure moderne" (UAM, jusqu'au 27 août), avec Frédéric Migayrou, directeur adjoint du Musée national d'art moderne, et Anne-Marie Charron-Zucchelli, du service architecture.

- Découvertes -

A côté de créateurs universellement connus comme Le Corbusier ou Pierre Chareau, l'exposition est l'occasion de découvrir des personnalités moins renommées mais dont le rôle fut essentiel. Parmi celles-ci Francis Jourdain, peintre, concepteur et éditeur de meubles "combinables" destinés aux intérieurs modestes. Fils de Frantz Jourdain - architecte de La Samaritaine et fondateur du Salon d’automne - il est en avance sur son temps. Très attiré par la couleur, il peint les murs de ses créations en jaune vif, conçoit des meubles coulissant le long des murs et assure que "le grand luxe c'est de démeubler".

L'exposition, où figurent de nombreuses acquisitions du Centre Pompidou, permet aussi d'admirer des réalisations de secteurs plus marginaux et de découvrir des artistes restés discrets, tels les maîtres verriers Barillet, Le Chevallier et Hanssen, les sculpteurs Joël et Jan Martel, les relieurs Rose Adler et Pierre Legrain ou la créatrice de textiles Hélène Henry.

- Décor -

Particulièrement novateur, le graphisme est également présent avec les affichistes Jean Carlu, Paul Colin, A. M. Cassandre, Francis Bernard, Charles Loupot.

Autre banc d'essai du décor moderne, le cinéma. Dans "L’Inhumaine", réalisé par Marcel L’Herbier en 1923, l'architecte Robert Mallet-Stevens conçoit une vingtaine de décors et fait appel à Fernand Léger, Pierre Chareau ou Francis Jourdain.

- Tensions -

Dès la fondation de l'UAM, une tension est perceptible entre des artisans virtuoses ou des architectes œuvrant pour de riches clients - la famille Noailles - et des créateurs dont l'objectif est de travailler pour le plus grand nombre, à travers des matériaux nouveaux et une production en série.

Cette opposition, qui va s'amplifier dans les années 50, va finir par avoir raison du mouvement. Devant le succès d'une exposition baptisée "Formes utiles", en 1949, ses organisateurs les plus actifs demandent leur autonomie et l'obtiennent en 1956. L’UAM cessera ses activités en 1958.

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