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L'intelligence artificielle star d'une exposition à Londres

Gérer la santé de la planète, lutter contre les discriminations, innover dans les arts: les domaines dans lesquels l'intelligence artificielle (IA) peut aider l'humanité sont innombrables, comme souhaite le montrer une exposition à Londres.

Intitulée "IA: plus qu'humain", et visible à partir de jeudi au centre d'art moderne du Barbican, l'exposition réunit plus de 200 installations, projets d'artistes et de scientifiques du monde entier.

Elle offre un voyage dans l'IA allant du rêve ancestral de créer une vie artificielle aux évolutions scientifiques les plus avant-gardistes.

Parmi les oeuvres phares, un espace immersif du collectif japonais teamLab, où l'art et la science s'allient pour permettre au visiteur de laisser sa marque sur une nature numérique projetée sur un mur.

Et, bien entendu, une myriade de robots de tous formats, du petit chien robot Aibo de Sony, à un grand bras mécanique capable de préparer et servir des cocktails.

Mais aussi des systèmes capables de gérer la complexité d'une grande ville ou de contribuer à la recherche médicale.

- Printemps perpétuel -

L'exposition propose aussi une ruche synthétique créant les conditions d'un printemps perpétuel pour enrayer le déclin des abeilles, un projet du Mediated Matter Group, groupe de recherche du MIT (Massachusetts Institute of Technology).

Sont présentés également les travaux de la scientifique américaine Joy Buolamwini sur les préjugés raciaux des logiciels de reconnaissance faciale, qui montrent qu'en portant un masque blanc, il est plus facile d'être reconnu.

Un programme déficient peut parfaitement reproduire les discriminations existantes dans nos sociétés, souligne l'Italienne Francesca Rossi, responsable des questions éthique chez IBM Research. Mais bien conçue, dit-elle, l'IA peut aider à identifier et prévenir ces discriminations.

"Si la machine peut comprendre le concept de partialité, elle peut nous alerter", déclare-t-elle à l'AFP.

Bien que l'idée de décoder le cerveau humain et d'imiter son fonctionnement soit née au milieu des années 1950, l'IA n'a explosé que ces dernières années, grâce aux microprocesseurs de pointe permettant l'analyse et la classification d'énormes quantités de données.

Depuis, les machines ont accéléré leur apprentissage à pas de géant.

C'est ainsi qu'est né AlphaGo, un programme développé par DeepMind, une filiale de Google, qui, en 2016, a battu le champion du monde coréen du jeu de go Lee Sedol, suivant les traces du Deep Blue d'IBM, vainqueur en 1997 de la légende des échecs Garry Kasparov.

Les deux programmes sont présents dans cette exposition, qui explique comment l'IA peut contribuer à la résolution de problèmes d'une grande complexité, et peut-être même de grands maux de notre époque, tel le changement climatique.

"Ce qui est vraiment difficile, et ce dont nous rêvons, c'est qu'une machine puisse dire: +Voici une façon intelligente de changer notre économie pour résoudre le problème climatique", souligne le philosophe suédois Anders Sandberg, chercheur à l'Institut pour l'avenir de l'humanité de l'université d'Oxford.

- Inspiration Bach -

Mais pour cela, "nous devons trouver un moyen d'intégrer les valeurs humaines dans les machines", ajoute-t-il en plaisantant sur la possibilité qu'une IA puisse un jour aboutir à la conclusion que la meilleure façon d'améliorer la santé de la planète serait d'éradiquer... l'être humain.

Malgré son ampleur, l'exposition n'est qu'une partie d'un projet plus vaste, intitulé "Life Rewired", via lequel le Barbican explore tout au long de l'année l'impact de la technologie sur la société.

Figure dans ce programme une pièce de musique baroque créée par une IA ayant appris à composer après avoir analysé l'intégralité de l'oeuvre de Bach.

"Cela fait beaucoup de musique mais l'apprentissage (numérique) a besoin de millions de données pour apprendre", explique Marcus du Sautoy, mathématicien d'Oxford et architecte du projet, dont les recherches visent à démontrer que, plutôt que de concurrencer les humains, l'intelligence artificielle peut "nous aider à penser au-delà de notre étroite fenêtre créative".

Parce que "les humains ont tendance à rester bloqués dans leur façon de penser", dit-il, et que, paradoxalement, "nous finissons souvent par nous comporter comme des machines".

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