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La bibliothèque du collectionneur Paul Destribats dispersée aux enchères

La fabuleuse bibliothèque du collectionneur Paul Destribats (1926-2017), passionné par le surréalisme, sera en partie dispersée aux enchères de mercredi à vendredi par la maison Christie's à Paris.

Disparu en 2017, Paul Destribats fut un des plus grands collectionneurs de revues, livres et manuscrits avant-gardistes. Durant une soixantaine d'années, il avait constitué un des plus grands ensembles de documents consacrés aux grands courants artistiques du XXe siècle connu sous le nom de "Bibliothèque des avant-gardes".

Cette bibliothèque est composée de 6.000 livres, tracts et manifestes. Leur dispersion aura lieu au cours de trois sessions de ventes, étalées sur un an, de juillet 2019 à juillet 2020.

Parmi les quelque 600 lots mis à l'encan de mercredi à vendredi, on trouve un des exemplaires originaux du "Second manifeste du surréalisme" (1930) d'André Breton avec frontispice de Salvador Dali (estimé entre 80.000 et 120.000 euros), "La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France" (1913) de Blaise Cendrars, peint au pochoir par Sonia Delaunay (200.000 - 300.000 euros) ou encore un lot de neuf lithographies au crayon (1919) de Max Ernst estimé entre 80.000 et 120.000 euros.

Une très rare édition originale de "rayogrammes" (procédé photographique mis au point par Man Ray, ndlr), "Champs délicieux" (1922), est estimée entre 200.000 et 300.000 euros. "La barre d'appui" (1936) livre de Paul Eluard illustré par Picasso avec notamment l'empreinte de sa main est estimé entre 100.000 et 150.000 euros.

Les (riches) amateurs pourront également tenter d'acquérir le premier livre publié par André Breton, "Mont de piété", comprenant les manuscrits de ses 15 premiers poèmes autographes et 13 autres poèmes écrits entre 1913 et 1919, estimé entre 60.000 et 80.000 euros.

- Le bourlingueur -

Ancien militant trotskyste, bourlingueur (il avait notamment fondé après-guerre le "Club 36", boîte de nuit de Copacabana qui deviendra une référence pour la bossa nova), Paul Destribats revient à Paris au début des années 60 et commence à s’intéresser de près à la peinture d’avant-garde qui se développe autour de lui.

Il découvre les revues et éditions originales du surréalisme et commence aussitôt à les collectionner. "Paul Destribats fut ainsi, pendant près de soixante ans, une figure familière et attachante du marché du livre rare et du marché de l’art français et international", rappelle la maison Christie's dans son catalogue en trois volumes édité à l'occasion de cette vente.

Son ambition était de rassembler une "Bibliothèque des avant-gardes" de 1909 aux années 1980, c’est-à-dire "un musée de livres et de papiers ayant pour but de conserver vivante la mémoire des vibrations intellectuelles et artistiques qui ont, dans tous les coins du globe, fait du XXe siècle l’un des plus grands siècles créateurs de l’histoire humaine".

De fait, sa Bibliothèque des avant-gardes, régulièrement prêtée à des institutions et musées du monde entier, regroupe tout ce dont le livre et le manuscrit ont pu être le support. Ces livres ont le plus souvent été reliés par les plus grands relieurs français du siècle.

La bibliothèque comprend aussi un remarquable ensemble de tracts, d’ephemeras, cartons d’invitations et autres "petits papiers" comme les appelait Paul Destribats, qui "documentent la moindre exposition tchèque ou roumaine, le moindre battement d’aile de l’esprit des avant-gardes, du Japon à l’Europe et aux États-Unis".

La Bibliothèque des avant-gardes possédait aussi une collection unique de plus d'un millier de revues, classée Trésor national, qui a été acquise en bloc en 2005 pour 3,8 millions d'euros par le groupe Lagardère qui l'a ensuite offerte à la bibliothèque Kandinsky du Centre Georges Pompidou.

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