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La justice n'interdit pas le film de Dieudonné, "L'Antisémite"

Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris s'est refusé vendredi à interdire à Dieudonné la diffusion et la vente de son long-métrage, comme le réclamait la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), qui le juge "antisémite" et "négationniste".

Déboutée sur le plan judiciaire, la Licra ne se disait pas moins satisfaite car, remarquait vendredi son avocat Me David-Olivier Kaminski, le site de l'humoriste ne propose plus le DVD à la vente.

Le 15 janvier, Dieudonné avait présenté en avant-première, dans son théâtre de la Main d'or et sur invitation, son premier long-métrage intitulé "L'antisémite" dont il joue le rôle principal.

Après des images qui tournent Auschwitz en dérision, on assiste au tournage d'un film gravitant autour de son personnage alcoolique et violent, déguisé en officier nazi pour un bal costumé. Le négationniste Robert Faurisson joue pendant quelques minutes son propre rôle, la Shoah y est personnifiée en sainte.

Le film ne doit pas être diffusé en salles mais commercialisé sur internet et vendu aux seuls "abonnés" de Dieudonné.

La Licra réclamait le retrait de la bande-annonce postée sur YouTube, ainsi que l'interdiction de diffusion du DVD. Elle demandait également 10.000 euros de dommages et intérêts.

Vendredi soir, la juge des référés Anne-Marie Sauteraud constate que la vidéo litigieuse "a été retirée du site www.youtube.com et que le film +L'antisémite+ n'a pas été communiqué à ce jour".

Du coup, elle estime qu'il n'y a "pas lieu à référé" sur les demandes de la Licra "à qui il appartiendra, le cas échéant, de saisir la juridiction du fond pour qu'il soit statué sur les infractions invoquées". Me Kaminski se réservait vendredi cette dernière possibilité.

Dans son ordonnance, la juge reconnaît que "la plupart des images et propos peuvent être ressentis comme particulièrement choquants et provocateurs" mais, nuance-t-elle, "il n'est pas pour autant établi, avec l'évidence requise en référé, qu'elles constituent" un négationnisme ou une provocation à la haine contre les juifs.

En outre, écrit-elle, "malgré son caractère insidieux et particulièrement outrancier, la séquence n'est nullement présentée comme une thèse scientifique ou sérieuse et nul ne peut se tromper sur son aspect parodique, étant rappelé que le juge n'a pas à se prononcer sur le bon ou le mauvais goût de ce qui est présenté comme humoristique".

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