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La réalisatrice Greta Gerwig veut "donner plein de prix" aux femmes

Elle se dit "déçue" que ni elle ni ses consoeurs ne soient nommées aux Golden Globes. Pour la cinéaste américaine Greta Gerwig, la situation reste "terrible" pour les réalisatrices, même si elle s'est "un peu améliorée" ces dernières années.

"Bien sûr, je suis écartée", lâche-t-elle dans un entretien à Paris, après la publication le 9 décembre de la liste des nommés aux Golden Globes, qui seront décernés le 5 janvier à Los Angeles.

Son film "Les Filles du docteur March" ("Little Women"), en salles mercredi en France une semaine après sa sortie aux Etats-Unis, y est cité seulement deux fois: dans la catégorie meilleure actrice pour Saoirse Ronan, et meilleure musique pour Alexandre Desplat.

Malgré plusieurs films réalisés par des femmes remarqués cette année, dont "L'Adieu" de Lulu Wang ou "Queens" de Lorene Scafaria, aucune femme n'est nommée dans la catégorie meilleure réalisation, une absence qui a déclenché un début de polémique à Hollywood.

"J'adore le film qu'on a fait", souligne Greta Gerwig, qui a fait le pari d'une nouvelle adaptation du classique de Louisa May Alcott auquel elle donne une résonance moderne, avec de surcroît un casting quatre étoiles, de Saoirse Ronan à Laura Dern, Timothée Chalamet ou Louis Garrel.

"Et il y a tellement de beaux films réalisés par des femmes cette année", ajoute cette New-yorkaise, qui s'est fait connaître comme actrice dans "Greenberg" ou "Frances Ha" de Noah Baumbach avant de réaliser "Lady Bird", Golden Globe de la meilleure comédie en 2018.

- peu de femmes nommées -

"Je veux leur donner plein de prix. Les femmes devraient recevoir toutes les statuettes. Je trouve que ce serait magnifique!", lance-t-elle.

Seulement cinq femmes ont été nommées à ce jour pour le Golden Globe de la meilleure réalisation, dont Barbara Steisand et Kathryn Bigelow deux fois chacune, auxquelles s'ajoute Jane Campion, Sofia Coppola et Ava DuVernay.

Elles ne sont que cinq aussi pour les Oscars, parmi lesquelles Greta Gerwig, nommée en 2018 pour "Lady Bird", après Lina Wertmüller, Jane Campion, Sofia Coppola et Kathryn Bigelow, qui l'avait emporté en 2010 pour "Démineurs".

En octobre, l'Italienne Lina Wertmüller, 91 ans, a reçu un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. "Je suis allée lui présenter le prix avec Jane Campion. Quand nous étions toutes les trois sur scène, cela représentait 3/5e des femmes jamais nommées!", s'amuse-t-elle. "J'espère que quand je serai vieille, que j'aurai 90 ans, il y aura beaucoup de femmes sur scène et peut-être que nous aurons eu des trophées!".

Pour Greta Gerwig, cependant, depuis l'émergence du mouvement #TimesUp, la situation des femmes dans le 7e Art tend à s'améliorer, même si le nombre de films réalisés par des femmes est "toujours terrible", reconnaît-elle.

Selon une étude publiée en septembre par l'USC Annenberg Inclusion Initiative, les femmes ne représentaient que 4,5% des réalisateurs sur les cent plus gros films de 2018, la moyenne stagnant à 4,3% sur les dix dernières années.

- "prendre des risques" -

"Evidemment, les films coûtent cher, ils prennent beaucoup de temps, ils nécessitent beaucoup d'argent et d'accords, et la plupart de ceux qui les donnent sont des hommes", analyse-t-elle.

"Mais je pense qu'au cours des deux dernières années, ça s'est amélioré. Je pense que les gens sont plus enclins à prendre des risques en pariant sur des voix différentes, des auteurs, scénaristes et réalisateurs différents".

Pour elle, même si aucune réalisatrice n'est nommée aux Goldens Globes, "le fait que leur travail existe et qu'il puisse continuer d'exister, c'est aussi très important".

En adaptant "Les Quatre filles du docteur March", un livre dans lequel les femmes s'émancipent - en particulier Jo March, écrivain en devenir au caractère frondeur -, Greta Gerwig revendique une démarche féministe, à l'image de celle de Louisa May Alcott, prônant "un féminisme qui n'exclut pas, mais qui veut élever tout le monde et trouver une meilleure forme de masculinité".

"Pour moi, le féminisme n'est vraiment pas que pour les femmes", souligne la cinéaste. "C'est pour tout le monde".

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