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La reddition du général von Choltitz racontée par l'AFP en 1944

Le 25 août 1944, le général Dietrich von Choltitz, commandant de la garnison allemande du "Gross Paris" (Grand Paris) depuis le 7 août, se rend, scellant la fin de l'occupation de la capitale française pendant quatre ans.

Voici le récit de cette reddition diffusé par l'AFP le 26 août 1944.

26 août 1944 - Le général von Choltitz et son état-major s'étaient retranchés à l'hôtel Meurice (devenu son quartier général, rue de Rivoli, dans le 1er arrondissement de Paris, ndlr) fortement défendu.

Le lieutenant (Henri) Karcher (aide de camp du général Koenig qui dirige les Forces françaises de l'intérieur, ndlr) à la tête de vingt-deux fantassins, protégés par trois chars du capitaine Branet, commandés par le lieutenant Bénard, reçut l'ordre de s'emparer de la personne du général, mais la consigne était de ne tirer qu'en cas de nécessité et seulement pour riposter.

Le lieutenant Karcher et ses hommes venaient du Châtelet par la rue de Rivoli. Dès qu'ils se trouvèrent aux abords de la place des Pyramides, ils furent accueillis par un feu violent auquel ils ripostèrent énergiquement ; de tous côtés, on tirait sur eux, aussi bien de l'axe de la rue que des Tuileries et des environs.

Quelques soldats furent détachés pour nettoyer les éléments allemands qui se trouvaient aux Tuileries. Une fois enlevé un dernier retranchement composé de sacs de sable, le lieutenant Karcher et ses hommes se trouvèrent devant l'entrée du Meurice.

Mais déjà la courageuse troupe avait éprouvé des pertes : un char avait été détruit et sept fantassins étaient tués.

Dans le hall de l'hôtel, le lieutenant Karcher fut accueilli par une rafale de mitraillette ; le tueur de von Choltitz veillait sur son maître ; il fut abattu de deux balles de pistolet. Puis, pour réduire la dernière résistance, on employa une grenade au phosphore qui enfuma les ultimes défenseurs.

Un capitaine de l'état-major de von Choltitz se présenta alors et conduisit le lieutenant Karcher, accompagné d'un de ses hommes, jusque dans le vaste salon où se trouvait von Choltitz. La scène fut brève. Le général se tenait debout, entouré de son état-major.

Le lieutenant lui demanda :

- "Vous vous rendez ?"

- "Ja"

- "Vous êtes mon prisonnier ?"

- "Ja"

Quelques minutes plus tard, les armes des Allemands étaient aux mains des Français ainsi que l'orgueilleux pavillon qui fut immédiatement remplacé par le drapeau tricolore.

Avec le général von Choltitz étaient également faits prisonniers cent officiers et cent sous-officiers.

C'est en expédiant un déjeuner sommaire, debout, pour ne pas perdre de temps, que le lieutenant Karcher a fait le récit de cette aventure héroïque qui a eu pour résultat de faire prisonnier celui qui avait promis aux Parisiens les pires sévices s'ils osaient lutter pour leur liberté.

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