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Last Train met sur les rails la BO d'une vie rock'n'roll

Jouer devant 40.000 personnes, ou devant 10, "des moments de bravoure", des questions sur sa "légitimité": Last Train, locomotive française du rock, digère tout ça dans "The Big Picture", sorti ce vendredi, comme le quatuor le décrypte pour l'AFP.

Après 350 concerts et un premier album, le gang alsacien (désormais installé à Lyon), a pris "un an, un an et demi" pour souffler et réaliser le second. Loin de la scène le décor a changé.

"Tout est énorme avec les concerts, et (quand il y a une pause) tout devient... pas énorme, tu te dis, +tout est super fragile+, que t'es une merde, que t'es pas légitime", lâche Jean-Noël Scherrer, chanteur et guitariste.

Les "concerts, ce ne sont que des hauts" rebondit Julien Peultier, l'autre guitariste. Même quand ces jeunes vêtus de noir - nés en 1994 pour trois d'entre eux, en 1995 pour l'autre - ont goûté aux galères types.

"On revient du Québec, on a joué devant 10-15 personnes, mais on n'a pas honte", dévoile Julien. "C'est comme à Clermont-Ferrand, une fois, il y avait 10 personnes, c'étaient les parents de la première partie".

- "Plus introspectif" -

"Il y a eu les Eurockéennes, les Vieilles Charrues, des concerts devant 40.000 personnes aussi", enchaîne Jean-Noël. Ce mélange de "moments de bravoure" sur scène et les doutes avant le deuxième album ont donné les dix titres de "The Big Picture".

Le leader du groupe le décrit comme "plus introspectif, mélancolique, nostalgique, avec des histoires honnêtes", alors que le premier était "plus incisif".

A côté de "Disappointed" ("Déçus"), petite bombe rock à fragmentation, on trouve en effet des chansons - toutes en anglais, sauf le piano sans voix de "A Step Further Down" ("Un pas de plus vers le bas") - plus amples dans leur registre.

Les guitares s'offrent de nouveaux horizons et de nouvelles respirations. Sur "Tired Since 1994" ("Fatigués depuis 1994") et "The Big Picture" ("La vision d'ensemble"), l'électricité se marie ainsi avec les cordes de l'Orchestre symphonique de Mulhouse.

Soit un dialogue "entre quatre branleurs qui savent un peu jouer ensemble" et des musiciens "pointus +de ouf+ qui sortent du conservatoire", raconte Jean-Noël. "Ils sont un peu scolaires", rigole Timothée Gerard, bassiste.

- L’orchestre, ce "fantasme" -

L'orchestre, "c'est un genre de fantasme, mais aussi une nécessité, vu tout ce qui a influencé le disque: les musiques de films, le post-rock, des choses beaucoup plus pop, +ambient+ (atmosphériques)", dissèque Jean-Noël, guidé par l'idée que "les musiques sont la BO de ta propre vie".

Une illustration? Le clip de "The Big Picture", chanson fleuve de 10 minutes 27, fait défiler des images intimes de l'apprentissage avec des instruments pratiquement plus grands qu'eux - ils se sont connus à l'âge de 11 ans - aux scènes XXL.

Ce deuxième effort abouti, et l'énergie déployée par les garçons en live, devraient leur offrir festivals et premières parties de grosses cylindrées, comme ils l'ont déjà fait avec Placebo.

Antoine Baschung, batteur pince sans rire, y va d'ailleurs de sa petite anecdote. "Le chanteur, Brian Molko, je l'ai croisé. Je fumais une clope à la sortie du Zenith. Un mec vient me parler, me demande du feu (Timothée imite à ce moment là Molko à la perfection, ndlr), c'est lui. En fait les stars sont super cool, mais dans les grosses prod', les régies surprotègent les groupes. Quand Molko vient voir notre concert, il y a trois gars qui le suivent, genre +fais attention, te pète pas le pied+".

Antoine, celui qui parle le moins, a trouvé le nom du groupe quand ils étaient ados. Un nom qu'ils ont failli changer, mais gardé pour tout le chemin parcouru.

"Quand c'est écrit Last Train en rouge en tête d'affiche au Bataclan, on se dit +c'est ça le truc qui jouait dans le sous-sol un peu pété du collège ?+", sourit Julien. Ils verront leur nom au fronton du Trianon à Paris le 6 novembre.

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