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Mort de Steve: le gouvernement promet "toute la lumière"

Le gouvernement a promis mardi de "faire toute la lumière" sur la mort de Steve Maia Caniço il y a plus d'un mois à Nantes, soulignant que le rapport de l'IGPN n'établissait "pas de lien" entre l'intervention des forces de l'ordre, qui était "justifiée", et sa disparition.

Témoignant de l'émotion provoquée par la disparition du jeune animateur périscolaire de 24 ans, le Premier ministre Edouard Philippe a fait une déclaration dans la cour de Matignon, aux côtés du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, pour assurer de la "volonté de transparence totale" des autorités.

Il a reconnu que "plus de cinq semaines après les faits, le déroulement de cette soirée, l’enchaînement des faits, restent confus" et que plusieurs interrogations demeuraient après l'identification mardi du corps de Steve Maia Caniço, repêché la veille dans la Loire. Il a annoncé la saisie de "l’Inspection générale de l'administration pour aller plus loin et comprendre les conditions d’organisation de l’événement par les pouvoirs publics, mairie et préfecture, ainsi que les organisateurs privés".

"Le décès de Steve Maia Caniço est un drame qui nous touche tous", a déclaré M. Philippe, à propos du jeune homme porté disparu depuis qu'il s'était rendu avec des amis à la Fête de la musique le 21 juin sur le bord du fleuve à Nantes. Ce concert s'était conclu par une intervention controversée des forces de l'ordre.

Mais, selon le Premier ministre, le rapport de l'Inspection générale de la police n'établit pas "de lien" entre cette intervention "et la disparition de Steve Maia Caniço".

Selon l'IGPN, l'intervention des forces de l'ordre, en riposte à de "très nombreux jets de projectiles", "était justifiée et n'est pas apparue disproportionnée".

L'avocate de la famille, Me Cécile de Oliveira, évoque une "affaire d'Etat". "Je suis tout à fait étonnée que le Premier ministre ait pris la parole aujourd'hui (...) Le Premier ministre lui-même prend la parole, clairement, l'affaire devient une affaire d'Etat", a déclaré à l'AFP l'avocate.

"Clairement, cette prise en main par l'exécutif d'une affaire qui est confiée à un juge d'instruction me paraît être révélateur d'un moment politique très compliqué sur les interventions policières", a estimé Me de Oliveira.

Sur le plan judiciaire, le parquet de Nantes a ouvert une information judiciaire "contre X" pour "homicide involontaire".

- "Risques énormes" -

De nombreux participants au concert ont raconté avoir été aveuglés par un nuage de gaz lacrymogène, certains avaient chuté de plusieurs mètres dans le fleuve. "Entre 8 et 14 personnes sont tombées dans la Loire" durant la nuit, selon le rapport de l'IGPN. Steve Maia Caniço, lui, ne savait pas nager, selon ses proches.

Des zones d'ombre demeurent sur l'intervention survenue vers 04H00 du matin et la police affirme qu'il n'y a eu "aucune charge" des forces de l'ordre.

Avant la déclaration, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner avait passé deux heures à Matignon pour examiner avec Edouard Philippe cette affaire qui embarrasse le gouvernement. Le président Emmanuel Macron s'était entretenu lui aussi avec Edouard Philippe.

Pour la maire socialiste de Nantes Johanna Rolland, interrogée par l'AFP, "plus que jamais l'heure n'est pas à la polémique mais à la recherche de la vérité". Elle a jugé "pour le moins troublant et inquiétant" que "l'IGPN ne soit "toujours pas en mesure de dire ce qui s'est passé".

Le député LFI Eric Coquerel a réitéré mardi la demande de commission d'enquête parlementaire de son parti. L'eurodéputé Yannick Jadot (EELV) a exigé que "la vérité et la justice s'imposent".

"Cela faisait pourtant plus de 20 ans que les fêtards se réunissaient là chaque année. L'Etat avait donc conscience des risques énormes engendrés par une telle intervention, il n'a pourtant pas hésité", ont affirmé les organisateurs de la Coordination nationale des Sound systems.

- "triste" et "en colère" -

Dans le centre de Nantes, des manifestants ont versé mardi du colorant alimentaire couleur sang dans la fontaine de la Place Royale sur laquelle est accroché un étendard noir portant le nom de Steve.

"On est tristes bien sûr et on est en colère(...) on va se battre pour que justice soit faite", a déclaré Eric Sagot, membre du collectif à l’origine de l’habillage de la fontaine.

Environ 150 personnes se sont ensuite retrouvées près de la grue jaune où a été retrouvé le corps. A Toulouse, 75 personnes, selon la préfecture, ont rendu hommage à Steve sur les quais de la Garonne.

Le corps a été repéré à environ un kilomètre du quai Wilson où a eu lieu le concert techno auquel assistait le jeune homme.

Ce quai, haut de plusieurs mètres par rapport au niveau de l'eau et dépourvu de parapet, est situé à l'extrémité de l'île de Nantes, dans une zone éloignée du centre-ville.

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