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Le FAIR, machette dans la jungle du music-business, fête ses 30 ans

C'est l'instrument qui permet d'éviter les fausses notes dans l'industrie musicale: le FAIR, dispositif de soutien au démarrage de carrière, fête lundi ses 30 ans. De la star Eddy de Pretto à des groupes moins connus, 452 artistes en ont bénéficié.

Le FAIR, c'est un acronyme pour Fonds d'action et d'initiative rock. C'est aussi une liste impressionnante de figures des musiques actuelles passées par son réseau depuis sa création en 1989 et la désignation de ses premiers lauréats en 1990: NTM, Les Têtes raides, IAM, Miossec, Louise Attaque, Orelsan, Christine and the Queens (devenue Chris), Feu! Chatterton ou encore Radio Elvis...

"Notre force, c'est qu'on peut parler à un groupe qui veut vendre 300 vinyles avec son +math rock+ (niche du rock expérimental), faire des petits concerts, et à Eddy de Pretto qui vend 200.000 albums, remplit les Zenith et avec qui on peut réfléchir à une structuration économique de son projet", expose à l'AFP Julien Soulié, patron actuel du FAIR.

"On aide les artistes à comprendre leur écosystème. On propose des cours de chant, des aides pour négocier les contrats, des rencontres entre artistes, comment utiliser les réseaux sociaux, etc. C'est le dispositif le plus complet en France", poursuit le barbu volubile.

- "Plus indépendants, plus armés" -

L'aventure des aspirants-artistes commence par une sélection pour être lauréats, une quinzaine par an. "L'année dernière, il y avait 450 candidats à peu près, avec des critères contraignants. Mais cette fois, on va en choisir sept en septembre et sept en février, c'est la première fois qu'on +splitte+. Et il y a 351 candidats rien que pour septembre", détaille le boss du FAIR.

Chaque lauréat touche une bourse. "Elle était de 6.000 euros quand je suis arrivé il y a six ans, c'est 7.500 aujourd'hui et l'an prochain elle sera de 9.000, confie-t-il. On la monte, car on propose aussi des modules de professionnalisation qu'ils peuvent payer avec".

Il y a ainsi, par exemple un module fiscalité. "C'est compliqué, il y a une partie salaire avec les cachets, une partie pôle emploi, les droits d'auteurs, royalties, droits voisins: comment tu remplis ça ? Le module coûte 500 euros, la personne vient chez toi. On explique aux lauréats, +voila l'an prochain tu seras autonome car tu sais que tel truc tu mets dans telle case+".

"Pour nous, leurs conseils sont tombés pile la bonne année. Le FAIR nous aide à être plus indépendants, plus armés, pour la manière de vendre notre musique, la diffuser, et aussi en termes de créativité pour penser la carrière", résume pour l'AFP Raphaël du duo Terrenoire de la promo 2019.

- "Aider les générations futures" -

Pour parler argent, cette association loi 1901, créée à la demande du ministère de la Culture et notamment de Bruno Lion, "Mr Rock" du cabinet Jack Lang, présente un budget actuel de 600.000 euros. La moitié provient du ministère. Viennent ensuite des partenaires comme l'Adami, principal gestionnaire des droits des artistes et musiciens interprètes en France, ou encore la Sacem.

"Dans ma lettre de mission, il y avait aussi: trouver des financements propres. Cette année, il y a 100.000 euros de mécénat", complète Julien Soulié, qui a succédé à Claude Guyot, patronne des 25 premières années. "On est une petite équipe", se réjouit-il, "on est trois, heureux de se lever le matin, d'aider des artistes".

Y compris sur le long terme, pas seulement l'année de la bourse. "Je continue à avoir des liens avec eux, je passe prendre un café, ils suivent bien l'actualité musicale", vante auprès de l'AFP Cléa Vincent, promo 2016, qui a eu carte blanche pour la soirée anniversaire des 30 ans lundi au Trianon, à Paris, avec sur scène plusieurs anciens lauréats. Et Raphaël, de Terrenoire, est lui prêt "à intervenir pour aider les générations futures".

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