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Le MAC de Lyon rend hommage au plasticien minimaliste Bernar Venet

Longtemps boudé en France malgré une renommée internationale, le plasticien minimaliste Bernar Venet est à l'honneur jusqu'au 6 janvier au Musée d'Art Contemporain (MAC) de Lyon dans une rétrospective inédite, "2019-1959".

Cette exposition à la chronologie inversée retrace 60 années de création à travers un ensemble inédit de plus de 170 œuvres, des premières performances conceptuelles - dessins, diagrammes, collages, peintures - aux sculptures plus récentes avec des matériaux industriels. Près de 95% proviennent de sa collection privée.

"L'œuvre de Bernar Venet reste curieusement encore mal connue en France car elle a souvent été exposée partiellement", souligne Thierry Raspail, commissaire de l'exposition, qui a fait le choix de la présenter ici dans son intégralité pour "réhabiliter l'histoire" de cet artiste autodidacte.

"On connaît le sculpteur mais personne n'a véritablement idée de tout ce qu'il a produit et de tous les champs sur lesquels il est intervenu: les pièces sonores, la poésie, les performances...", détaille-t-il.

Au fil des trois étages, on remonte le temps depuis les œuvres récentes - les gigantesques sculptures en corten et les "effondrements" de plusieurs tonnes de barres d'acier - à celles des années 60 - les tableaux au "goudron" ou les "Tas de charbon" - en passant par sa "période conceptuelle" de 1966 à 1970.

"Beaucoup d'œuvres ont été exposées en Asie, en Allemagne, mais jamais en France", observe le volubile artiste de 77 ans, expatrié à New York à 24 ans. C'est à cette époque que pour angliciser son prénom, à l'instar du néo-réaliste Arman, il en a supprimé le "d". Il vit désormais entre les États-Unis et le sud de la France, où il a ouvert sa fondation en 1989.

Dans la décennie suivante, il a travaillé sur les "surfaces indéterminées", ces plaques d'acier oxycoupé qui ont donné le jour aux "lignes indéterminées", des barres d'acier "courbées à froid" - une "technique inédite" selon l'artiste -, puis aux "effondrements".

"Quand je sens que j'attaque un nouveau domaine, une aventure différente, je fonce", explique, en déambulant dans l'exposition, celui qui "n'aime pas s'endormir dans ce qui est déjà considéré comme de l'art".

- Refus de l'esthétique -

C'est peu après son arrivée à New York, en 1967, qu'il rencontre les artistes "minimalistes" de la Dwan Gallery dont il s'inspirera pour réaliser ses "tubes", ses "plans de dessins industriels, de chimie" et ses "diagrammes de mathématiques".

S'ensuivent des œuvres "très conceptuelles, très dématérialisées", à l'image de ses "enregistrements de conférences".

Dès 1969, Bernar Venet expose aux États-Unis et en Allemagne.

"Je refuse complètement l'esthétique, mon travail est uniquement pour des raisons théoriques", explique celui qui cherche en permanence à "élargir son champ d'investigation" à travers des "tableaux", des "performances" et même des poèmes.

Un retour temporaire en France dans les années 1970 est l'occasion d'une pause artistique et d'une "remise en question" de ses positions "catégoriques". Mais un "désir viscéral de travailler" le pousse à rentrer à New York en 1976, où il recommence "timidement" à peindre.

"C'est dans ma nature de me lasser de tout, je veux élargir le champ du domaine visuel", confie Bernar Venet qui se lance alors dans la réalisation de tableaux inspirés de "livres scientifiques", bien qu'il ne comprenne pas les mathématiques.

Lors du vernissage de l'exposition jeudi, l'artiste a créé une nouvelle œuvre autour d'un "accident": l'"effondrement aléatoire et chaotique" d'une dizaine de barres d'acier posées contre un mur.

A partir du 11 octobre, Bernar Venet sera au centre d'une autre rétrospective au MAMAC de Nice, limitée à la période 1966-1977.

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