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Le stand-up français doit encore mûrir, juge son parrain Kader Aoun

Le stand-up remplit des salles dans toute la France mais il est encore "immature" et doit évoluer pour toucher tout le monde, assure Kader Aoun, ex-compagnon de route de Jamel et sorcier du genre depuis vingt ans.

Auteur et chasseur de talents pour Canal+, co-créateur de Burger Quiz, Kader Aoun a ensuite participé dans l'ombre au succès de têtes d'affiche comme Omar & Fred, Fary, Blanche Gardin, Norman ou Mathieu Madénian, en écrivant avec eux des spectacles ou en les produisant.

Après avoir cofondé et quitté le Jamel Comedy Club sur Canal+, Kader Aoun présente à partir du 1er janvier sur France 2 "Génération Paname", du nom de la minuscule salle parisienne devenue une pépinière de talents qu'il programme depuis dix ans. Ici se succèdent les jeunes humoristes Franjo, Morgane Cadignan, Djimo, Ahmed Sparrow ou Myriam Baroukh.

Lorsqu'il a démarré avec Jamel, le style stand-up était encore balbutiant en France : "Les gens ne comprenaient pas du tout que le spectacle avait commencé... du coup ça ne riait pas. Il était difficile d’imaginer que vingt ans après ce serait la forme comique dominante", souligne Kader Aoun, 48 ans, dans un entretien à l'AFP.

Il y a cependant "encore beaucoup de travail avant que cet art soit considéré comme sérieux", assure l'auteur et metteur en scène. "Il reste à créer un public. Quand tu as un succès en stand-up, c’est un épiphénonème".

"Il n’y a pas encore de public acquis à la cause du stand-up et qui peut choisir en fonction de ses affinités" comme aux Etats-Unis", où les "stand-uppers" brillent dans des sitcoms, des films, des émissions et qu'il y a "une industrie autour d’eux", analyse Kader Aoun.

- "coach de boxe" -

Les plagiats de sketches révélés par l'internaute CopyComic sont aussi un signe de cette "immaturité" française, selon lui, comme quand les premiers "yéyés" ont copié les Américains, ou comme aux débuts du rap en France.

Kader Aoun assure ne pas avoir envie de monter sur scène à son tour, malgré sa pratique infatigable de la vanne. Lui se voit comme un "coach de boxe", en coulisse tous les soirs derrière ses artistes.

"Quand ils abordent un sujet qui est trop rebattu, trop vulgaire, je leur dis +mais non, ça, on l'a vu partout c'est pas intéressant+, parce que j'ai pu le voir. Quand un artiste est tout seul dans ton coin il s'en rend compte quand c'est déjà trop tard".

S'il a coaché plus de cent comédiens dans sa carrière, le metteur en scène assure ne pas connaître la recette qui assurerait le succès. "La rencontre entre un artiste et le public, c’est un des mystères de ce taf", souffle Kader Aoun. "Il y a plein de stand-uppers de qualité, mais un seul va rencontrer le public de manière presque miraculeuse. Pour que tu te retrouves à raconter un texte sans décors sans costumes particuliers (...) devant 15.000 personnes, il y a un truc qui est presque religieux".

"S'il y a une tendance, c'est que les gens sont prêts à être surpris", assure-t-il. "Le public s'attend aussi à voir quelque chose de beaucoup plus personnel. C'est un changement d'âge".

Une autre tendance majeure s'affirme avec la multiplication de femmes seules en scène, comme Nora Hamzawi ou Fadila Camara, dont le spectacle a été choisi par Netflix. "#MeToo a complètement changé la donne".

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