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Les Eclaireurs de France sur le banc des accusés après le suicide d'un jeune scout

Les Eclaireurs de France se sont retrouvés mercredi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour homicide involontaire après le suicide d'un scout de 16 ans que le mouvement, saisi par une association de lutte contre la pornographie, avait signalé au parquet.

Le 18 septembre 2015, les Eclaireurs avaient fait un signalement au procureur après que l'association Wanted Pedo leur eut transmis une photo d'un enfant de 12 ans, retrouvée sur un site pédo-pornographique, accompagnée d'un écrit dont l'auteur était le jeune scout Pierre-Olivier.

Deux jours plus tard, le 20 septembre, à Bordeaux, le jeune homme était retrouvé pendu dans sa chambre par ses parents, ayant laissé un mot: "ma connerie m'a tué, j'ai eu le malheur d'aimer".

L'audience a permis de dérouler une "succession d'événements malencontreux", a indiqué Me Jean Gontier, l'avocat de la famille du jeune homme, pour qui "l'association a failli à son obligation d'information" et "s'est montrée d'une grande négligence".

Ainsi, le 18 septembre, le mouvement scout fait son signalement au parquet. Le même jour, il envoie un email aux parents du jeune garçon leur expliquant qu'à la suite de "difficultés", il n'était pas souhaitable que leur fils participe désormais aux événements organisés par les Eclaireurs.

En raison d'un problème technique, ils ne reçoivent pas ce message et Pierre-Olivier se rend le 20 septembre au matin à une journée d'activités des Eclaireurs.

Les animateurs lui expliquent alors qu'il ne peut rester et, en réponse aux questions du jeune homme, lui parlent du "comportement particulier" qu'il a eu lors d'un camp d'été avec Paul, 12 ans, et de la photo et du texte diffusés sur internet.

Ils essaient de le rassurer, n'appellent pas les parents et l'un d'entre-eux le raccompagne à proximité du domicile familial.

Arrivé chez lui, Pierre-Olivier se pend.

L'avocat des Eclaireurs, Me Benoît Chabert, a estimé qu'"on ne saurait jamais pourquoi Pierre-Olivier a mis fin à ses jours", ajoutant que "ce n'est pas parce que la souffrance est là, qu'il y a responsabilité pénale".

Le procureur de la République de Bordeaux, Gérard Aldigé, a requis un non-lieu, considérant que "les éléments indispensables à la condamnation de l'association n'étaient pas apportés".

Le jugement a été mis en délibéré au 7 novembre.

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