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Les guerres de Don McCullin exposées à la Tate Britain de Londres

L'oeuvre du photojournaliste britannique Don McCullin, adulé pour son travail en noir et blanc qui plonge au coeur de la guerre et de la pauvreté dans le monde, est à l'affiche de la Tate Britain à partir de mardi.

Au total, 250 photographies, toutes en noir et blanc, toutes développées par les soins du photographe aujourd'hui âgé de de 83 ans, étalent leur noirceur sur les murs gris de ce musée londonien : de la guerre au Vietnam au conflit chypriote en passant par les années de "Troubles" en Irlande du Nord, des paysages britanniques et des scènes de rue à Londres.

Reconnu pour ses reportages de guerre, qui ont occupé 18 de ses 60 années de carrière, Don McCullin a aussi pris des clichés des paysages industriels du nord de l'Angleterre et saisi la pauvreté qui régnait dans l'East End londonien.

Ce quartier, devenu bien propret depuis que les hipsters y ont jeté leur dévolu, était alors peuplé par des hommes en haillons et au regard hagard, jetés à la rue par une misère sordide, tentant de se réchauffer autour d'un feu de fortune, peut-on voir sur plusieurs photos des années 1970.

Ses clichés les plus récents, de 2018, montrent le site antique de Palmyre, en Syrie, dévasté par le groupe Etat islamique.

L'exposition propose aussi de découvrir quelques-uns des objets qui l'ont accompagné dans ses missions, comme son casque de l'armée américaine, six de ses passeports, sa montre, ainsi que son Nikon, dans lequel s'est logée une balle en 1970 pendant qu'il accompagnait des soldats cambodgiens dans un champ de riz. Un appareil qu'il a gardé pour se souvenir d'avoir été chanceux.

- Ciels menaçants -

"Il y a beaucoup d'émotion dans cette exposition", déclare à l'AFP son commissaire, Simon Baker.

"Le travail de Don envoie un coup de poing en plein visage : c'est vraiment une expérience intense, avec l'impression d'être en plein coeur du sujet", ajoute-t-il, soulignant que "Don a toujours voulu montrer et communiquer la souffrance, la misère et les gens dans le besoin" dont il sait quelque chose, pour avoir lui-même grandi dans la misère.

L'exposition, visible jusqu'au 6 mai, est divisée en plusieurs sections, chacune consacrée à l'une de ses missions dont la bataille de Huê, au Viet Nam, en 1968, l'Irak en 1991, Beyrouth, la pandémie de sida en Afrique, Berlin divisé, la guerre du Biafra, l'Ethiopie, l'Inde.

On peut aussi voir des paysages britanniques, avec beaucoup de photos prises près de sa maison du Somerset, dans le sud-ouest de l'Angleterre.

"Même ses paysages possèdent une note dramatique. Les ciels sont souvent très noirs et il y a une sensation sombre de menace", souligne Simon Baker.

Présent pour l'occasion, Don McCullin a posé de bonne grâce pour les photographes, dont certains avides de voir le maître leur dédicacer des copies de ses ouvrages.

Une admiration loin de le mettre à l'aise, même s'il a tôt appris à gérer sa célébrité.

"Je me sens coupable vis-à-vis des gens que je photographie. C'est vrai", a-t-il admis, dans une de ses déclarations affichées sur les murs du musée. "Pourquoi devrait-on me célébrer au détriment de la souffrance des gens ? Je ne me sens pas à l'aise avec mes lauriers sur la tête".

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