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Les poupées Bella, symbole d'une génération, ont leur musée à Perpignan

Elles s'appelaient Tressy, Cathy ou Nancy et restent à jamais gravées dans les souvenirs de plusieurs générations de petites filles : connues et vendues à travers le monde, les poupées Bella ont leur musée à Perpignan.

Jean Sala, directeur de l'usine de 1972 à 1981, rappelle que "jusqu'à 2,2 millions de poupées sortaient chaque année de la chaîne de fabrication à la fin des années 70", dont 40% de la production était destinée à l'exportation.

Elles ont cessé d'être fabriquées en septembre 1984, terrassées par la concurrence de la poupée américaine Barbie et par des conflits sociaux à répétition.

Aujourd'hui, quelque 500 modèles trônent dans le musée situé non loin des anciens entrepôts, désormais disparus. Les premières poupées en carton moulé, fabriquées de 1946 à 1952, côtoient celles en acétate de cellulose, sorties des chaînes à partir de 1953, puis remplacées en 1957 par celles en PVC "où les cheveux sont cousus et non plus collés", explique M. Sala.

La force des poupées Bella a résidé dans "cet esprit de créativité avec toujours un temps d'avance sur la concurrence", "qui permettait de renouveler chaque année les 60 modèles de poupées", selon M. Sala.

Symboles "d'un savoir-faire", les poupées Bella "représentaient un certain goût français", explique-t-il. "Les modélistes passaient leur temps à consulter les magazines de mode. L'habillage, la couleur et les tissus des panoplies ont suivi l'état d'esprit des femmes et de la mode sur plusieurs générations", souligne l'ancien directeur.

"Tressy et Cathy, les poupées aux cheveux qui s'allongent" reste le slogan Bella le plus connu. Il y eut aussi "Bertou le poupon souple", "Papouf le plus gros bébé du monde", "Suzy la première poupée électrique qui marche" ou "Rémy le bébé qui rit quand on le lance en l'air et qui pleure s'il tombe à terre".

L'épopée Bella a commencé en 1946 avec 10 salariés autour de Salvi Py, son fondateur, catalan d'origine. Elle s'est poursuivie en 1969 avec des repreneurs allemands, le groupe Schilkrot, qui fabriquaient également des poupées.

L'âge d'or de la production fut dans les années 70: Jean Sala, entré en 1948 comme comptable, prit en 1972 la direction de l'usine qui a compté jusqu'à 1.000 employés sur un site de 40.000 m2.

La belle histoire s'effilocha avec l'arrivée de la concurrente américaine Barbie, puis se termina par une liquidation totale en septembre 1984, après la reprise de Bella par les jouets Berchet.

Tressy avait pourtant, comme Barbie, un corps de femme et se déshabillait entièrement. Mais à partir des années 80, les générations de petites filles n'avaient d'yeux que pour la blonde américaine...

"Bella, c'était une fierté catalane", regrette M. Sala. "L'expérience a été fabuleuse, on était comme en famille", se remémore à presque 80 ans le désormais gardien de la mémoire des poupées à travers un musée, qui ouvre ses portes chaque année durant un mois autour des fêtes de Noël.

Aujourd'hui, sur internet des modèles classiques se vendent quelques dizaines d'euros, tandis que des modèles anciens peuvent atteindre plusieurs centaines d'euros.

Musée Bella, 6 avenue du Languedoc à Perpignan, ouvert de mercredi à samedi du 10 décembre au 10 janvier, et sur rendez-vous le reste de l'année au 04.68.34.50.66

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