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Mondial de breaking: du très grand show sans l'énergie du public

Part importante de la culture Hip Hop, le breaking joue samedi à Salzbourg (Autriche) sa grande finale mondiale, à quelques jours de son entrée officielle aux Jeux Olympiques. Avec un plateau de stars mais sans public.

Pour le jeune japonais Shigekix, la salle vide sera difficile à gérer.

"C'est important pour des danseurs comme nous d'avoir le bruit que fait le public parce qu'on tire notre énergie de ça à la base, une énergie qu'on exprime en dansant devant la foule. Ca nous pousse à faire encore mieux alors forcément, là, ça va être différent", confie à l'AFP le danseur de 18 ans.

Shigekix tentera de glaner son premier titre mondial dans l'antre de Red Bull, créateur de cette grande finale il y a 16 ans. Le BC One World Final est devenu la référence, inspirant le Comité international olympique (CIO) pour accueillir ces athlètes-artistes aux Jeux de Paris en 2024.

En raison de la crise sanitaire, de nombreuses compétitions ont été annulées. La finale mondiale a survécu mais sera totalement à huis-clos pour les B-Girls et B-Boys, les performeurs du breaking (appelé communément 'breakdance', un terme que ne reconnait pas la communauté).

- Imagination -

"Au début j'étais déçue. Je voulais la foule autour de moi. J'aime qu'il y ait des gens quand je suis sur la scène, un public qui vous encourage, genre 'Wouh!'. Alors ça va être un peu étrange mais ça ira, on est tous dans cette situation", relève pour sa part la Russe Kastet, venue défendre son titre.

Samedi soir, la finale mettra aux prises 8 filles et 8 garçons lors d'une série de 'battles', sortes de questions-réponses entre deux adversaires qui danseront principalement au sol, entre équilibre, sauter sur une main, retourner son corps dans tous les sens. Au rythme de sons lancés par des DJ.

"On peut voir ça comme un cadeau qu'on nous fait. Et ça peut être l'occasion de nous montrer différemment. Normalement, on présente un ou deux mouvements nouveaux. Mais là, on peut dévoiler une palette entière", dit l'Allemande Jilou. Elle fera appel à son imagination pour combler l'espace vide autour d'elle.

"Ce sera diffusé en live, il y aura beaucoup de gens derrière leur écran. Alors oui, il n'y aura pas de public mais si vous avez une imagination débordante, vous pouvez les imaginer autour de la scène et ça devrait dégager pas mal d'énergie", assure la danseuse professionnelle de 27 ans.

Les performances, sur une scène circulaire appelée le 'cypher', seront évaluées par des juges d'après leur expertise et leur expérience.

- Label olympique -

Lors des éditions précédentes, les participants avaient décroché leur billet pour ce grand rendez-vous en remportant leur finale nationale. Mais en raison de la pandémie de Covid-19, peu de compétitions ont pu se tenir.

Cette année, les B-Boys et B-Girls ont donc été invités.

Mi-octobre la Française Kami a appris qu'elle était l'une des heureuses élues.

"Ca a été une sacrée surprise", raconte-t-elle. "Je pensais qu'il n'y allait pas avoir de compétitions et le Red Bull BC One a reboosté ma motivation. Dans ce moment où les choses sont fermées, ça nous fait vachement du bien de pouvoir vivre l'événement".

La Française a passé une période "compliquée" avec la crise sanitaire. Chorégraphe et sportive, elle a vu compétitions et spectacles disparaître. En breaking, il y a habituellement des compétitions tous les week-ends.

Mais elle tempère: "J'ai la grande chance de pouvoir m'entraîner chez moi, ça n'a pas été non plus trop dur, je ne l'ai pas mal vécu", souligne Kami, qui a le statut d'athlète de haut niveau depuis un an.

Ce Mondial marque le début d'une nouvelle époque pour ces danseurs perçus auparavant comme des 'bad boys' Quant au label olympique, déterminant pour le développement futur, il devrait être officiellement posé vers la mi-décembre.

"Ca a changé beaucoup de choses, particulièrement dans mon pays", se réjouit Shigekix. "Les gens ont compris ce qu'était vraiment le breaking, ils le perçoivent maintenant plus comme un sport majeur".

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