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Moscou autorise la sortie d'un film controversé sur Nicolas II

Les autorités russes ont autorisé jeudi la sortie d'un film retraçant la romance entre le dernier tsar de Russie Nicolas II et une ballerine, qui a provoqué la colère d'orthodoxes traditionalistes et de dirigeants des républiques russes du Caucase.

"Nous avons donné l'autorisation pour la sortie du film sur tout le territoire russe", a indiqué un haut responsable du ministère de la Culture, Viatcheslav Telnov, cité par l'agence Interfax.

"Pour autant, les autorités locales dans les régions, prenant en considération les traditions et les coutumes des peuples présents sur leur territoire, peuvent juger indépendamment de l'utilité de la diffusion de tel ou tel film", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il n'y avait pour autant "rien d'interdit" dans le film en cause.

La sortie prévue le 26 octobre de "Matilda", un film d'Alexeï Outchitel portant sur la liaison entre Nicolas II et la ballerine Matilda Kschessinska, a suscité l'ire de responsables de l'Eglise et d'orthodoxes traditionalistes qui sont allés jusqu'à menacer d'incendier les cinémas diffusant ce film.

Nicolas II est une figure incontournable pour une partie des orthodoxes russes, tous les membres de la famille Romanov exécutés ayant été canonisés en tant que martyrs.

Plusieurs centaines de personnes avaient tenu une prière publique contre le film (tourné en partie sur fonds publics) la semaine dernière devant une église de Moscou, tenant des icônes représentant la famille royale.

L'une des plus ferventes opposantes à la diffusion du film, la députée et ex-procureure de Crimée Natalia Poklonskaïa, a rassemblé des milliers de signatures en faveur de son interdiction. Elle a dénoncé jeudi la décision du ministère de la Culture, le taxant de laxisme envers "l'extrémisme".

Autre député du parti au pouvoir, Vitali Milonov, connu pour avoir rédigé la loi réprimant la "propagande" de l'homosexualité, a dénoncé une "offense à la mémoire historique, une tentative de semer les graines diaboliques de la fermentation révolutionnaire", selon ses propros cités par l'agence Ria-Novosti.

Le film a également provoqué la colère des dirigeants des républiques à majorité musulmane de Tchétchénie et du Daguestan, dans le Caucase russe, qui avaient demandé au ministère de la Culture d'en interdire la diffusion sur leurs territoires au nom du respect de la foi.

Après la décision du ministère, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a assuré sur son compte Instagram qu'une interdiction n'était pas nécessaire car personne dans cette république n'irait voir ce film "amoral du point de vue de la Patrie".

En Ingouchie, autre république du Caucase, l'unique cinéma a d'ores et déjà promis de ne pas le diffuser, expliquant à Ria-Novosti "ne jamais montrer de films offensant les croyants, quelle que soit leur confession".

En 2015, le ministère de la Culture a interdit la sortie du thriller américain, "Enfant 44", tiré d'un roman sur un tueur en série sévissant dans l'Union soviétique de Staline et jugé insultant pour les Russes.

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