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Musique: Pierre de Maere, enfant de la génération Stromae

Stromae a influencé une génération d'artistes, à l'image de Pierre de Maere: la pépite belge, qui n'a rien d'un suiveur, s'inspire de son aîné pour la maîtrise de l'image et du processus de production.

Dans les années 1990-2000, ce sont des groupes à guitares, chantant en anglais, qui avaient replacé la Belgique sur la carte des musiques actuelles. Et dans les années 2010, Stromae est devenu le nouveau porte-drapeau, avec son écriture à la Jacques Brel baignée dans une électro ouverte sur le globe.

"Stromae a rendu cool la chanson francophone. J'avais longtemps trouvé ça ringard car, dans les années 2000, on s'est un peu perdu. Une petite anecdote devenait une chanson et lui est arrivé avec des sujets sociétaux, du grandiose, de l'ambitieux et toute une génération a suivi", raconte à l'AFP Pierre de Maere.

A 20 ans, il a sorti cette année "Un jour, je", premier mini-album remarqué qui lui vaut d'être déjà programmé à La Cigale à Paris en mai.

L'artiste française Suzane a souvent été rapprochée de Stromae. Mais cette chanteuse a son style propre. Si influence il y a eu, elle est plutôt à chercher dans une démarche autour de l'image, Suzane façonnant un double collant à ses messages féministes, avec sa combinaison façon Uma Thurman dans "Kill Bill".

- "Façon de communiquer" -

"L'influence de Stromae sur les jeunes artistes n'est pas tant dans la musique que dans la façon de la communiquer. Chaque moment chez Stromae est réfléchi en amont", décrypte pour l'AFP Christophe Gendreau, intervenant aux Chantiers des Francos, structure d'accompagnement des talents émergents du festival français des Francofolies.

"Les jeunes artistes ont conscience que l'image qu'ils veulent véhiculer doit partir d'eux. Auparavant, ils laissaient faire les médias et ils suivaient. Le changement, pour cette génération, Stromae l'a insufflé", poursuit ce responsable.

Pierre de Maere souligne que "chaque aspect visuel est travaillé jusqu'au dernier détail", quand Stromae surgit avec "Racine carrée", album riche en tubes qui le fera changer de dimension.

"Ca faisait longtemps dans la chanson francophone, depuis les Rita Mitsouko, qu'autant d'importance n'avait été accordée à l'image, c'est hyper-inspirant", poursuit le jeune artiste belge.

Pierre de Maere a retenu la leçon. Pour son premier single "Potins absurdes", il fait imprimer des affiches où on le voit allongé, téléphone vintage en main, dans une baignoire sur fond rose. Avec ce slogan accrocheur: "Prenez cette affiche, rendez-moi célèbre, revendez-la".

Garder le contrôle de la création d'un disque, de A à Z, en limitant les contributeurs, est l'autre grand legs de Stromae à la nouvelle vague actuelle.

- "Envie d'être star" -

"Les artistes qui sont des produits de labels, c'est terminé; Stromae - il n'est pas le seul, mais il a compté pour nous - a prouvé qu'on pouvait tout faire nous-mêmes", insiste Pierre de Maere. "Moi ou Iliona (autre artiste belge émergente), on écrit, on compose, on produit, ça donne de l'ultra-authentique, du cohérent, du spontané, plus que si des types de 50 ans - je n'ai rien contre les quinquas (rires) - nous disaient quoi faire", déroule-t-il.

Stromae décomplexe aussi les artistes francophones avec une ambition affichée. "C'est une approche très anglo-saxonne, chez les Belges plus assumée, Stromae part avec des objectifs", synthétise Christophe Gendreau.

Stromae est passé en décembre dans le show télé américain de Jimmy Fallon, ciblant clairement une audience à conquérir aux Etats-Unis.

Pierre de Maere ne vise pas si haut, mais déboule toujours en interview en revendiquant son "envie d'être star". "Envie que j'ai depuis toujours, ce n'est pas un argument marketing (rires), je veux vendre du rêve, enchaîne-t-il, volubile. Au-delà de l'aspect strass et paillettes, dans la reconnaissance il y a un côté accomplissement, que ma musique trouve un écho chez un public".

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