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Olivia Ruiz, les racines retrouvées

Chanteuse, actrice, auteure... Elle sait tout faire. Révélée au grand public par la "Star Academy", Olivia Ruiz se réinvente à 42 ans en romancière à succès. En musique comme dans ses livres, la même obsession: l'histoire familiale longtemps tue.

Un peu boulimique de travail, Olivia Ruiz? En deux ans, la "femme chocolat" -- du nom de son deuxième album vendu à plus d'un million d'exemplaires -- a écrit deux livres et monté un spectacle qu'elle a chanté, joué et dansé.

Rien ne semble arrêter celle que le public a découvert il y a plus de 20 ans dans la "Star Academy", télé-crochet où elle a été en demi-finale.

L'AFP l'a rencontrée fin avril dans un café non loin du studio où elle enregistre son prochain album, en pleine promo de son deuxième roman "Écoute la pluie tomber", qui sort le 11 mai chez JC Lattès.

"En ce moment, je n'arrête pas de me dire :+Mon Dieu, j'ai 42 ans et j'ai encore un milliard d'envies+. La vie est trop courte!", glisse-t-elle, dans un sourire.

- Best-seller -

Connue pour sa musique aux tonalités pop et folk, l'interprète d'"Elle panique" ou "J'traine des pieds" a fait une entrée remarquée en littérature en juin 2020 avec "La commode aux tiroirs de couleur".

Vendu à plus de 300.000 exemplaires, le livre est une fiction inspirée de son histoire personnelle. Née Olivia Blanc -- Ruiz est le patronyme d'une de ses grand-mères -- elle grandi à Marseillette (Aude) dans une famille d'origine espagnole.

Trois de ses grands-parents ont fui l'Espagne durant la guerre civile. Mais de cette histoire, elle ne sait rien. Alors, pour "combler les trous", elle a imaginé l'histoire de Rita, une exilée, qui lègue à sa mort une commode à sa petite fille. Dedans, se dévoilent les secrets d'une histoire douloureuse liée à l'exil.

Personnages féminins à la fois forts et vulnérables, écriture simple et imagée: le livre a immédiatement trouvé son public. Au point d'avoir fait l'objet d'une adaptation en bande dessinée. Une mini-série est aussi en préparation.

Pas une suite, "Ecoute la pluie tomber", raconte l'histoire de Carmen, une des sœurs de Rita. Si le franquisme, et le déracinement, restent en toile de fond, l'histoire se concentre sur le besoin d'émancipation de cette jeune femme et ses difficultés à trouver sa place en France.

- Briser les silences -

"Comment on fait quand on n'est plus de là-bas et qu'on n'est pas non plus d'ici? Cette question m'obsède", explique-t-elle.

Une obsession nourrie du mutisme de ses grands-parents: "Dès que je prononçais le mot Espagne à ma grand-mère, les larmes se mettaient à couler. Mon grand-père, lui, s'énervait et me demandait d'arrêter de fouiller dans l'histoire familiale."

En réaction à ce "silence qui assassine", Olivia Ruiz s'est mise en quête de rassembler son puzzle familial. En littérature ou en musique.

Ainsi, en 2016, elle créait "Volver" ("revenir", en espagnol), un spectacle dansé sur le déracinement. En octobre, elle remettait le couvert aux Bouffes du Nord à Paris avec "Bouches cousues", où elle fait conjuguer l'histoire des exilés espagnols à celle des exilés d'aujourd'hui.

"J'avais ce désir profond de rappeler que l'exil et les exilés n'appartiennent pas au passé et que c'est une réalité que vivent des millions de personnes. Et je voulais le faire de façon poétique".

Si elle confie avoir trouvé dans la littérature un espace "agréable où il n'y a pas de limite", pas question pour autant d'abandonner la scène.

Celle qui raconte avoir "fait le deuil de son histoire personnelle", nourrit toutefois le rêve de partir, un jour, vivre dans les pays de ses aïeux. Et de demander: "Quel déraciné n'a pas le projet de retourner sur la terre de ces ancêtres?"

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