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On en sait plus sur Venise grâce à la découverte d'un dessin du XIVe siècle

La récente découverte d'une vue de Venise remontant au XIVe siècle, un dessin considéré comme la plus ancienne représentation de la ville connue à ce jour, montre l'intérêt qu'a exercée très tôt la Cité des Doges sur ses contemporains.

Le dessin, découvert par l'historienne Sandra Toffolo, de l'université écossaise de St Andrews, fait partie d'un manuscrit racontant le voyage de Niccolò da Poggibonsi, un pèlerin italien qui s'est rendu à Jérusalem au cours de la période 1346-1350.

"La découverte de cette vue de la ville a de grandes conséquences pour notre connaissance des représentations de Venise, car elle montre que la ville exerçait déjà très tôt une grande fascination sur ses contemporains", a expliqué Sandra Toffolo dans un communiqué, annonçant la découverte, publié sur le site de St Andrews début janvier.

Outre Venise, le pèlerinage de Niccolò da Poggibonsi l'a conduit en Terre Sainte, à Damas ainsi qu'au Caire et Alexandrie en Egypte.

Sa description écrite de Venise est accompagnée d'un dessin à la plume de la cité lacustre où l'on reconnaît des églises, des gondoles et des canaux dessinés.

Le manuscrit, aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale de Florence, a probablement été réalisé peu après son retour en Italie en 1350.

Spécialisée dans l'histoire de Venise à la Renaissance, Mme Toffolo a découvert l'image en mai 2019 au cours de recherches à la bibliothèque florentine dans le but de réaliser une monographie sur la cité lacustre à cette époque, à paraître en 2020, a précisé l'université écossaise de St Andrews.

En découvrant l'image, l'historienne a réalisé que cette vue de Venise était antérieure à toutes celles de la ville connues auparavant - même si des cartes et portulans (cartes de navigation utilisée du XIIIe au XVIIIe siècle) de la ville avaient pu être réalisées antérieurement.

La plus ancienne carte de Venise a été réalisée par Fra Paolino, un frère franciscain de Venise, et date d'environ 1330, selon St Andrews.

- Piqûres d'épingles -

Depuis sa découverte, Sandra Toffolo a passé les derniers mois à étudier le dessin en consultant des livres, des manuscrits et des articles.

L'universitaire a notamment découvert sur le dessin original une série de petites piqûres qui suggère également que la vue de Venise a été plus largement diffusée.

Cette technique était utilisée à la Renaissance pour copier les images grâce à de la poudre qui était tamisée à travers les piqûres d'épingle sur une autre surface, transférant ainsi les contours de l'image.

"La présence de ces piqûres d'épingle est une forte indication que cette vue de la ville a été copiée", explique Sandra Toffolo.

"En effet, il y a plusieurs images dans les manuscrits et les premiers livres imprimés qui sont clairement basées sur l'image du manuscrit à Florence", précise l'historienne.

Selon l'historienne de l'art, Kathryn Blair Moore, qui l'explique dans un article publié en 2018 sur le site de l'université de Cambridge, le manuscrit de Niccolò da Poggibonsi correspond à l'émergence d'un nouveau genre, celui du "guide de pèlerinage".

"Contrairement aux guides latins des siècles précédents, la volonté d'inclure ensemble des illustrations qui recréent l'expérience du pèlerinage et la description inédite de la prose suggèrent que l'ouvrage peut être considéré comme le texte fondamental pour le genre du guide illustré du pèlerinage", écrit l'experte.

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