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Pas d'Olympia pour Bertrand Cantat, une nouvelle fois contraint au silence

Et maintenant l'Olympia: après avoir dû se retirer des festivals et faire face à de vives contestations à chacun de ses concerts, Bertrand Cantat essuie un revers de taille avec l'annulation de sa venue dans la mythique salle parisienne, à la satisfaction des féministes.

Bertrand Cantat ne se produira pas à l'Olympia les 29 et 30 mai. Argument avancé par la salle de spectacles: "Des risques sérieux de trouble à l’ordre public qui empêcheront la tenue de ces deux concerts dans de bonnes conditions". Les détenteurs de billets pourront se faire rembourser sur présentation de leur place.

"On se félicite de cette décision. C'était le but de notre mobilisation: interpeller des programmateurs sur le fait de célébrer un assassin sur scène et l'acceptation du féminicide", a réagi auprès de l'AFP Céline Picques, porte-parole de l'association "Osez le féminisme!", qui avait appelé un rassemblement le 30 mai devant l'Olympia.

"Une réinsertion est possible pour Bertrand Cantat mais elle ne doit pas se faire dans la lumière", a souligné Françoise Brié de la Fédération nationale solidarité femmes.

Quinze ans après la mort sous ses coups de l'actrice Marie Trintignant, Bertrand Cantat, qui a été condamné à huit ans et a purgé sa peine, a vu ces dernières semaines la pression s'intensifier autour de sa tournée.

Face à la colère des défenseurs des droits des femmes, il avait déjà renoncé aux festivals d'été. Les premiers concerts de sa tournée en solo ont déchaîné les passions, certains manifestants estimant qu'il ne doit plus se produire en public.

Le pic a été atteint le 13 mars lorsqu'il a été accueilli à Grenoble aux cris d'"assassin!". S'en est suivi un échange tendu entre l'ancien leader de Noir Désir, visé par des projectiles, et des manifestants réunis devant La Belle Electrique, la salle où il s'est finalement produit dans la soirée.

Un incident qui a poussé certaines municipalités à annuler ses concerts, comme à Istres.

Mais ce revers parisien est le plus cinglant pour le chanteur de 54 ans, car le symbole est fort. Salle prestigieuse, susceptible de faire les artistes, comme ce fut le cas pour Noir Désir en 1996, elle peut aussi les défaire. Or Cantat n'aura cette fois même pas la possibilité d'y défendre son rock.

- D'autres dates maintenues -

Un manque de soutien d'autant plus notable que l'Olympia, propriété de Vivendi Village, filiale de Vivendi, n'accueillera pas un chanteur dont le premier disque solo "Amor Fati" est paru cet hiver chez Barclay, filiale de la major Universal Music France, elle-même propriété de... Vivendi.

Pour Cantat, cette annulation survient deux jours après le report de quatre autres concerts.

Victime d'un lumbago, il a annoncé lundi soir, sur son compte Facebook, qu'il déclarait forfait pour ses deux dates à Nantes les 2 et 3 mai (reportées aux 4 et 5 juin), son concert à Lille le 4 mai (reporté au 9 juin) et celui à Bruxelles prévu le 6 mai (reporté au 10 juin).

Bertrand Cantat a été condamné à huit ans de prison en Lituanie pour coups mortels sur Marie Trintignant, tuée en 2003 à Vilnius.

Transféré en France, il a été libéré en 2007 après avoir purgé plus de la moitié de sa peine.

Le chanteur, icône pop-rock française des années 1990 a progressivement repris son activité publique à partir de 2010 au sein du groupe Détroit, avant de revenir dans la lumière sous son nom en décembre, avec "Amor Fati".

La promotion de ce disque a fait long feu après la Une polémique des Inrocks en octobre.

Invoquant dans une lettre son "droit à la réinsertion", Cantat avait "renouvelé" sa "compassion la plus sincère, profonde et totale à la famille et aux proches de Marie" Trintignant. Ce que lui refuse la mère de l'actrice, Nadine Trintignant, qui ne cesse de l'appeler à s'arrêter "complètement".

Ce que Cantat, toujours plus fragilisé, refuse pour l'instant: il chantera à Marmande le 30 juillet, Pau le 20 décembre et Bordeaux le lendemain.

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