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Piano et comptines à fleur de peau, Philippe Katerine "ne joue plus"

Des comptines à fleur de peau et un piano presque enfantin: le fantasque Philippe Katerine ne "joue plus" dans son nouvel album, "Le film" (sortie vendredi), traversé de questions existentielles sur la mort, l'amour et les hérissons.

"+Le film+, ce n'est pas forcément du cinéma, dans ce disque je ne joue quasiment pas", assure le chanteur de 47 ans, dont l'album s'ouvre par un générique chanté ("C'est le plus beau film du monde/Celui que je vois devant moi") et se conclut par un "Moment parfait", une "happy end" composée d'extraits des différents morceaux du disque.

Ce "film" commence avec la mort de son père, qu'on voyait figurer avec sa mère sur la pochette de son album "Philippe Katerine" paru en 2010. "T'aimais pas les chanteurs qui bougent le cul/T'aimais pas les chanteurs qui chantent aigu/Mais tu m'en voulais pas/C'était bien comme ça/Si c'était bien pour moi", fredonne le fils chanteur dans "Papa".

Ce deuil "a été violent pour moi", reconnaît-il. "Il m'indiquait le chemin sans le vouloir, il avait une façon de voir la vie plutôt lumineuse", explique le chanteur, qui confesse avoir eu dans un premier temps des "désirs de meurtre" dont la victime a été un hérisson qu'il a écrasé au volant de sa voiture.

C'est son chemin vers un certain apaisement que raconte Philippe Katerine dans un album peuplé de réflexions et de questions existentielles: sur le sort des objets et des maisons quand leurs propriétaires sont morts ("Les objets vivent plus longtemps"), les relations humaines ("Au cours d'une journée, on n'est pas pareil/Alors imagine 8 milliards d'être humains"), le bonheur ou encore les "enfants de moins de 3 ans" qui "comprennent des choses qu'on ne comprend plus".

"Ma façon de réagir quand je suis un peu friable, c'est de faire des chansons", confie-t-il.

- La musique aventurière -

François Hollande et "Julie chérie" figurent aussi au casting de ce "Film" avec un pique-nique improbable dans les jardins de l’Elysée pendant que la colère gronde dans Paris contre le "trop d'impôt".

A part des aboiements de chiens, le bruit de la pluie, des détonations, des klaxons et des choeurs enfantins en guise de ponctuations, ce disque repose sur une formule piano-voix dépouillée.

Une première pour Philippe Katerine. De quoi désarçonner un peu ceux qui ne jurent que par "Louxor j'adore" et les fantaisies électro de ses derniers disques mais rappellera de bons souvenirs aux fans des débuts, où il explorait une veine musicale délicate inspirée de la bossa.

"J'ai fait des disques où c'était un peu de la représentation, comme une installation en art contemporain. Là, c'est davantage comme une lettre à un ami, un journal intime", souligne le chanteur, épaulé sur ce projet par le musicien Julien Baer, qui "me ramenait toujours à quelque chose d'authentique".

"Je ne suis pas aventurier dans la vie, mais pour la musique ça oui!", assure Katerine, qu'on connaissait acteur, danseur et se fait illustrateur pour la pochette et le livret de ce 10e album studio.

"Je ne réfléchis pas en termes de clientèle. Mon père était commerçant, il vendait des produits pour l'élevage, il réfléchissait comme ça, mais quand on est chanteur... Je fais confiance aux gens", ajoute celui qui dit autant écouter le rappeur Kanye West que le songwriter Sufjan Stevens ou le compositeur Georges Bizet.

Sur scène, Katerine va s'en tenir à cette approche dépouillée dans une formule en duo avec une pianiste venant du classique et des concerts organisés dans "des petites salles, de 300 ou 400 personnes".

Toujours dans le même esprit d'aller "vers l'inconnu", explique l'artiste qu'on pourra notamment voir au Printemps de Bourges le 13 avril.

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