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Premiers choix du prix Goncourt: Virginie Despentes écartée d'emblée

Premiers choix, premiers déçus: le roman de Virginie Despentes, "Cher connard", plus gros succès de la rentrée littéraire, ne remportera pas le prix Goncourt, écarté d'emblée parce qu'elle est ancienne jurée.

L'autrice de "Vernon Subutex", de retour au roman après cinq ans, a bénéficié d'une critique quasi unanime pour louer cet échange épistolaire à propos de l'addiction et du mouvement #MeToo. Mais il était hors course.

"Il n'a pas été évoqué parce que, pour nous, c'est une évidence: Virginie Despentes ne peut pas concourir", a expliqué Didier Decoin, président de l'académie Goncourt depuis janvier 2020. "Sur le plan éthique, c'était irrecevable. Et cela ne veut pas du tout dire que nous n'avons pas aimé le livre de Virginie, au contraire...".

Virginie Despentes est la vedette de cette rentrée littéraire, portée par une critique très favorable, et des ventes qui ont atteint quelque 65.000 exemplaires, selon les chiffres avancés par son éditeur fin août.

Lauréate du prix Renaudot en 2010, pour "Apocalypse bébé", Virginie Despentes fut elle-même jurée du Goncourt pendant quatre ans. Elle a démissionné en janvier 2020 pour se consacrer à l'écriture.

Les délibérations restent très opaques, mais Pierre Assouline, critique, journaliste et auteur, a déjà fait savoir sur son site internet qu'il avait adoré deux titres de la première sélection. Ils apparaissent à ce stade parmi les favoris: "La Vie clandestine" de Monica Sabolo, qui mêle histoire personnelle et enquête sur le groupe d'extrême gauche Action directe, et "Le cœur ne cède pas" de Grégoire Bouillier, retour en 900 pages sur un fait divers terrible des années 1990, l'agonie volontaire d'une vieille dame solitaire.

- Heureuse surprise -

D'autres titres sont perçus comme des prétendants sérieux par leur qualité d'écriture: "Taormine" d'Yves Ravey, roman noir qui se déroule en Sicile, "Vivre vite" de Brigitte Giraud, récit des derniers temps d'un mari qui s'est tué en moto, ou "Les presque sœurs" de Cloé Korman, une enquête sur la Shoah.

Muriel Barbery, qui paraissait très loin des goûts du Goncourt avec son premier succès en 2007 ("L'Élégance du hérisson"), est 15 ans plus tard dans la course avec "Une heure de ferveur".

La première liste du Goncourt est toujours une heureuse surprise pour quelques romans discrets jusque-là. C'est le cas cette année pour "Beyrouth-sur-Seine" du Franco-Libanais Sabyl Ghoussoub, "Une somme humaine" du Haïtien Makenzy Orcel, ou "Notre si chère vieille dame auteur" d'Anne Serre.

Une fiction sur un conseiller de la présidence russe a été incluse malgré une parution en avril: "Le Mage du Kremlin" de Giuliano da Empoli, recommandé parmi les lectures d'été du prix Renaudot.

Le lauréat ou la lauréate doit être désigné le 3 novembre.

- Penchant pour les "grandes" -

La sélection a prouvé le penchant du Goncourt pour les "grandes" maisons d'édition, avec trois auteurs de Gallimard, deux de Flammarion ou de Stock, un du Seuil, d'Albin Michel, d'Actes Sud ou encore de Minuit.

Des maisons "moyennes" s'y font une place plus réduite: Rivages, L'Iconoclaste et Sabine Wespieser.

L'éditeur de "Cher Connard", Grasset, ne place aucun titre dans cette première sélection, mais pourra se rattraper avec d'autres prix d'automne. Le Renaudot suit mercredi, en divulguant sa première sélection.

Le prix littéraire des Inrocks a publié mardi une première sélection de vingt "romans ou récits français" où figure celui de Virginie Despentes. On y retrouve d'autres titres non retenus par le Goncourt, quoique remarqués par la critique, comme "La Treizième Heure" d'Emmanuelle Bayamack-Tam, "Vers la violence" de Blandine Rinkel, ou "Les Exportés" de Sonia Devillers.

Le Goncourt des lycéens, décerné le 24 novembre, planchera sur les mêmes titres que son aîné. Sont associés 55 établissements, de Lens à la Martinique en passant par New York et Cavaillon.

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