Accueil Actu

Producteur tabassé: d'Aya Nakamura à Kassovitz, les artistes s'indignent

"Nous continuerons à filmer la police", "Courage Michel", "Choquant": comme Aya Nakamura et Mathieu Kassovitz, les artistes, après les sportifs, expriment dégoût et soutien après le passage à tabac d'un producteur de musique par des policiers.

C'est un bref message sur Twitter: "Merci aux caméras et courage à Michel". Il n'a pas la force des mots du footballeur Antoine Griezmann - qui avait twitté jeudi "J'ai mal à ma France" - mais il va faire quand même du bruit, car il est signé Aya Nakamura, chanteuse française la plus diffusée dans le monde.

L'interprète du tube "Djadja", qui a plus de 2,5 millions d'abonnés sur Instagram et près d'un million de suiveurs sur Twitter, accompagne cette phrase de la vidéo du producteur noir tabassé par des policiers.

Michel Zecler, 41 ans, est bien connu dans le milieu du hip-hop, ayant notamment été un des producteurs dès 2016 de la tournée "L'âge d'or du rap français", qui réunissait les vedettes des années 1990 comme Ménélik, Stomy Bugsy, Passi, Sages Poètes de la rue, Assassin, etc.

"Je connais Michel depuis plus de 15 ans, il a été le producteur avec Valou (Valérie Atlan, productrice historique du rap français, ndlr) de +L'âge d'or du rap français+ et de la tournée du Secteur A (collectif de rappeurs)", expose d'ailleurs sur Instagram Stomy Bugsy, qui fulmine: "Agressé chez lui par la police parce qu'il est noir. Il faut appeler un chat un chat !".

- "Images, seul recours pour les victimes" -

Mais l'onde de choc provoquée par les images a touché au-delà de la sphère rap. "Cette vidéo ultra-violente est la raison pour laquelle nous continuerons à filmer la police", a réagi l'acteur et réalisateur Mathieu Kassovitz sur Instagram.

"Nous verrons bien s'ils peuvent nous mettre en prison quand nous aurons les preuves de leurs crimes", enchaîne-t-il, en référence à la proposition de loi controversée, dite "sécurité globale", initiative vivement combattue par des ONG et syndicats de journalistes.

La Société des réalisateurs de films (SRF) juge d'ailleurs cette proposition de loi "dangereuse et liberticide: les événements qui se sont déroulés à Paris ces derniers jours, le démantèlement dans la violence d'un camp d'exilés par les forces de l'ordre, le passage à tabac d'un producteur de musique par (des) policiers (...) nous rappellent pourtant encore une fois la nécessité des images, seul recours pour les victimes".

L'actrice Alexandra Lamy s'était indignée dès jeudi sur Twitter. "Hier journée internationale contre la violence à l'égard des femmes et des enfants, Emmanuel Macron demande aux victimes de ne pas hésiter à appeler la police, heu pas sûre que ces images les rassurent. Dites moi, ces hommes ne sont pas des policiers, nous sommes bien d'accord", ironise-t-elle au-dessus d'images montrant Michel Zecler frappé. "C'est tellement la honte pour (ces) policiers, mais aussi pour nous, pour notre pays !", se désole également Guillaume Canet sur Instagram.

- "Couleur de peau" -

Pour en revenir au monde musical, Dadju, l'un des plus gros vendeurs de disques en France, frère de Gims, a posté une story sur Instagram avec une photo du visage ensanglanté du producteur.

Benjamin Biolay, par le même biais, a diffusé des photos de la scène captée par les caméras avec cette mention "insupportable, choquant, injuste, fou".

Le directeur général de la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) Jean-Noël Tronc, "profondément choqué par ces images insupportables", a soutenu sur Twitter "Michel Zecler dont la dignité extrême dans sa réaction est une leçon de démocratie et de courage". "Au-delà des faits individuels, une question de fond se pose pour la République et la diversité qui fait notre force", ajoute-t-il.

"Ces images insoutenables nous font mal à la République, prolonge Bruno Lion, président du Conseil d'administration de la Sacem, sur Twitter. Nous exprimons émotion et solidarité à Michel Zecler & son équipe. Nos collègues doivent pouvoir vivre et travailler en paix quelle que soit leur couleur de peau".

À lire aussi

Sélectionné pour vous