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Quentin Dupieux, le drôle d'Oizo du cinéma français

Il est connu des fans de musique électronique sous le pseudonyme de Mr. Oizo. Au cinéma, il signe des comédies ovni jouant avec l'absurde. Artiste touche-à-tout, Quentin Dupieux continue avec "Au Poste!", en salles mercredi, à tracer un chemin à part dans le cinéma français.

Son oeuvre reste confidentielle, et pourtant ce barbu de 44 ans, casquette sur la tête, en est déjà avec ce huis clos dans un commissariat de police défraîchi - avec Benoît Poelvoorde et Grégoire Ludig - à son septième long métrage, attendu par un petit groupe d'inconditionnels.

Celui qui dit trouver souvent "de bonnes idées" dans "un demi-sommeil" a réalisé notamment "Rubber", l'histoire d'un pneu tueur en série, "Wrong", comédie autour de la disparition d'un chien, ou "Réalité", sur le cauchemar d'un réalisateur voulant enregistrer un cri de douleur parfait...

Des films à l'humour décalé et aux situations parfois surréalistes, se jouant souvent de la logique et de la temporalité classiques.

Avec "Au Poste!", qui marque son retour en France après sept ans à Los Angeles, il revient à un film plus "traditionnel et très dialogué", sur fond de décors années 70 conçus avec sa femme Joan Le Boru, directrice artistique de ses films.

"J'ai besoin de me surprendre moi-même", ajoute celui qui dit avoir "été encore complètement ailleurs" pour son long-métrage suivant, déjà tourné, "Le Daim", avec Jean Dujardin en homme qui plaque tout pour s'acheter un blouson en daim.

- Trois millions d'exemplaires -

Adepte de la prise de risques, Quentin Dupieux a appris le cinéma en autodidacte. Adolescent, ce fils d'un garagiste de l'Essonne emprunte en cachette la caméra vidéo de son père. "Je tournais des petits trucs avec des copains, des trucs très mauvais. On essayait de faire des petits bouts de films d'horreur."

"Puis petit à petit, j'ai commencé à découvrir la pellicule. J'ai fait mon service militaire, où on m'a prêté du matériel professionnel. Et j'ai fait des courts métrages comme ça, à l'arrache, que j'ai vendus à Canal+", se souvient-il.

C'est ensuite par le biais de la musique électronique qu'il se fait connaître, sous le nom de Mr. Oizo.

Il s'illustre avec son titre "Flat beat" en 1999, devenu un tube, et avec son personnage de Flat Eric, une marionnette jaune aux yeux ronds battant le tempo qu'il met en scène dans ses clips.

Utilisé d'abord pour une pub Levi's, "Flat Beat" se vend à plus de trois millions d'exemplaires et devient numéro un en Angleterre, lui permettant de se lancer dans un film expérimental et autoproduit, "Nonfilm" (2001).

Suivront "Steak" (2007) avec Eric et Ramzy, "Rubber" - présenté à la Semaine de la critique à Cannes en 2010 -, "Wrong" (2012) et "Wrong Cops" (2013) avec Eric Judor, et "Réalité" (2015).

Parallèlement, il enchaîne les albums, d'"Analog Worms Attack" (1999) à "All Wet" (2016). Refusant de choisir: "La musique c'est super mais c'est très cérébral. Je ferai toujours les deux".

- 'Vers l'absurde' -

S'entourant d'acteurs comiques et de musiciens dans ses films (Marilyn Manson dans "Wrong Cops, Orelsan dans "Au Poste!"...), Quentin Dupieux dit aimer "mélanger des gens qui viennent de familles différentes".

"J'ai découvert quelqu'un d'atypique, et ça fait du bien", souligne le comique Marc Fraize, acteur dans "Au Poste!", pour qui le réalisateur "aime amener les gens un peu vers l'absurde".

Malgré les délires de ses films, ce père de famille est aussi un artiste sérieux et même "méticuleux", selon Marc Fraize. Pour lui, Dupieux, qui "aime bien faire les rôles de scénariste, chef opérateur, cadreur", sait "exactement où il veut aller".

"J'ai tout de suite compris que j'avais affaire à quelqu'un de très singulier", renchérit Benoît Poelvoorde.

"Avec lui, tu dois écouter le réalisateur, travailler", précise le Belge, qui ajoute, dans un sourire entendu, s'être "entendu comme larrons en foire" avec Quentin Dupieux.

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