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Raphaël Glucksmann appelle les jeunes à la construction d'un mouvement "qui va tout changer"

Raphaël Glucksmann, essayiste, député européen, était l'invité du RTLINFO Avec Vous à l'occasion de la sortie de son livre "Lettre à la génération qui va tout changer". "Vous vous adressez aux jeunes. Et vous leur dites : 'Vous n'y êtes pour rien, mais vous y pouvez quelque chose. Vous êtes libres. Libres de refuser l'héritage, libres de repartir à zéro. C'est une injonction aux jeunes de prendre leur vie en mains'", a résumé notre journaliste Olivier Schoonejans.

Quand vous aviez 20 ans, on vous la faites cette injonction ?

En fait personne ne m’a parlé comme ça quand j’avais 20 ans. Moi quand j’avais 20 ans et que j’étais à Sciences Po, on était dans une situation très différente. C’était à dire qu’on était encore dans le mythe de la mondialisation heureuse, de l’extension infinie des droits, de la fin de l’histoire. Et en gros, on pensait que toute notre vie on aurait le choix entre Juppé et Jospin, pour faire à la française. Et aujourd’hui le choix est très différent, il est entre l’effondrement climatique et la sauvegarde du monde. Aujourd’hui, le choix c’est entre le triomphe des modèles autoritaires et la préservation, la régénération de la démocratie. Donc c’est des choix beaucoup plus tragiques. Et finalement avoir 20 ans aujourd’hui, eh bien c’est une situation beaucoup plus difficile qu’il y a 20 ans. Et c’est aussi une situation beaucoup plus enthousiasmante sur la question politique. Parce qu’à nouveau la politique c’est plus qu’un luxe, plus qu’un hobby, c’est à nouveau une question de vie ou de mort en fait. Et donc moi ce que j’essaye de dire, plutôt qu’une injonction, parce que moi je ne leur demande rien en réalité. Eh bien c’est de partager cette immense bonne nouvelle que la jeunesse est déjà engagée, déjà investie. Sur les questions climatiques, sur les questions de droits humains, sur les questions démocratiques, ce sont déjà les gens de 20 ans qui font la vie publique.

Cette jeunesse-là qui se réveille, vous y croyez, vous la côtoyez ou pas ?

Mais en fait, c'est pas que j'y crois, c'est que je l'ai vue. Et justement, quand ils ont les yeux rivés sur les écrans, c'est un discours de parents ça. "Il arrête pas de regarder son iPhone, etc." Mais qu'est-ce qu'il fait avec son iPhone votre enfant ? Eh bien il participe à des campagnes sur Instagram. Moi Instagram pendant longtemps, j'ai cru que c'était le truc des selfies et on photographiait ce qu'on mange et c'est extraordinaire, des couchers de soleil magnifiques. Mais en réalité sur Instagram on a lancé des campagnes qui impliquaient des millions de jeunes. Si vous avez entendu parler des camps de concentration pour les Ouïgours en Chine, c'est grâce à la mobilisation de ces jeunes sur Instagram. Si vous avez des multinationales du textile qui changent leur chaîne de production, pour ne plus avoir d'esclaves Ouïgours qui fabriquent les chemises ou les chaussures qu'ils nous vendent, c'est grâce aux interpellations par des centaines de milliers de ces jeunes sur Instagram. C'est d'abord le partage d'une expérience et d'un enthousiasme (...)

Qui va retourner la table et est-ce qu'on peut la retourner ?

À mon avis, il faut être ultra radical dans l'ambition. Il faut réellement changer notre rapport au monde, changer les politiques de libre échange. Il faut réellement imposer les intérêts de l'Europe à long terme et transformer l'Europe en puissance politique mais pour ça, il va falloir des petites victoires d'abord. Ce que j'essaye d'expliquer, c'est comment ces mobilisations sur des questions de chaîne de production de multinationales, sur des questions de fiscalité ou sur des questions d'environnement, vont construire un mouvement qui va réellement changer la scène politique. Je prends les paris que, dans 5 ans, la scène politique en France ne sera absolument pas celle qu'on a aujourd'hui. Et chez vous aussi (...) Vous avez de partis plus forts, mais quand même, ça manque de jeunes (...)


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