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Reda Kateb: "les clichés font du mal aux gens"

Dans le polar "Frères ennemis", en salles mercredi, Reda Kateb incarne un policier qui affronte son ex-ami d'enfance, un film qui selon lui montre "ce qu'il y a chez les gens derrière leur costume".

En compétition à la dernière Mostra de Venise, le film raconte l'histoire de Manuel (Matthias Schoenaerts) et Driss (Reda Kateb), deux hommes qui ont grandi en étant proches comme des frères dans la même cité en banlieue parisienne, mais que désormais tout oppose. Manuel est à la tête d'un trafic de drogue, tandis que Driss est flic à la brigade des stupéfiants.

Quand Manuel échappe de peu à une tentative d'assassinat, les deux hommes vont se retrouver face à face, écartelés entre la fidélité à leur enfance et ce qu'ils sont devenus.

Dans ce troisième long métrage de David Oelhoffen, à la structure de polar classique sublimée par ses acteurs principaux, Reda Kateb incarne pour la première fois un policier. Un rôle pour lequel il a rencontré notamment un capitaine des stups.

"Je pars des métiers en général. Si le personnage n'est pas crédible dans son métier, je pourrais développer tous les sentiments que je voudrais derrière, je n'embarquerais pas les gens avec moi", explique dans un entretien à l'AFP le comédien de 41 ans, qui avait déjà tourné avec David Oelhoffen dans "Loin des hommes". "Je voulais vraiment avoir une idée du travail quotidien d'un capitaine des stups, oublier toutes les références de cinéma que je pouvais avoir pour partir du réel".

Pour cet acteur charismatique, au visage à part dans le cinéma français, le film de David Oelhoffen offre "un équilibre entre le film de genre et la rencontre avec les personnages".

"Une des choses qui m'ont vraiment plu dans ce projet, c'est qu'il casse les clichés", ajoute Reda Kateb, qui dit regretter que parfois le cinéma "esthétise et romantise la banlieue et la vie de voyous", ou au contraire "ne montre que la surface de la crasse sur les tours d'immeubles".

- 'Divertissement et profondeur' -

"Les clichés font du mal aux gens", estime-t-il. "Je trouve qu'il n'y a pas à choisir entre d'un côté un cinéma de divertissement qui donne à voir des clichés et de l'autre un cinéma d'auteur qui les dépasserait."

"On peut offrir du divertissement et de la profondeur avec. J'essaie de m'associer à des projets qui sont dans ce pari-là", ajoute celui dont la carrière au cinéma a débuté en 2009 dans "Un prophète" de Jacques Audiard.

Depuis, Reda Kateb, aussi à l'aise dans des rôles sombres que dans la douceur, a joué un suspect terroriste torturé par la CIA dans "Zero Dark Thirty", un médecin hospitalier dans "Hippocrate" ou Django Reinhardt dans "Django".

Souvent sollicité à ses débuts pour des rôles stéréotypés, Reda Kateb, né en France d'une famille immigrée d'Algérie, a réussi à ne pas se laisser enfermer. "Je n'en suis plus du tout là, parce que j'ai fait des médecins, des sociologues, des guitaristes manouches...", se félicite-t-il, tout en reconnaissant "que le rapport de la France avec sa diversité n'est pas simple".

Loin de "Frères ennemis", il sera bientôt à l'affiche de "L'Amour flou" de Romane Bohringer et Philippe Rebbot, dans lequel il joue son propre rôle. "C'est l'une des premières fois que j'ai fait rire une salle au cinéma", s'amuse l'acteur, venu assurer les interviews en emmenant son chien Polo, avec lequel il joue aussi dans "L'Amour flou".

Il débute aussi le tournage du nouveau film d'Eric Toledano et Olivier Nakache, "Hors norme", dans lequel il interprète un éducateur spécialisé face à de jeunes autistes. "J'ai l'impression d'avoir pour le moment une vie bien remplie..."

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