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Rock en Seine/Paris Summer Jam: battle française entre deux géants américains

D'un côté, l'historique Rock en Seine, désormais détenu à moitié par le promoteur AEG, de l'autre, Paris Summer Jam, dernier né chez Live Nation: le choc frontal entre les deux géants américains des festivals aura lieu vendredi soir sur le territoire français.

Pendant qu'au parc de Saint-Cloud, Rock en Seine (RES) ouvrira sa 16e édition avec un plateau qui fera la part belle au rap (PNL, Die Antwoord), Paris Summer Jam (PSJ) proposera une affiche hip hop très relevée (Kendrick Lamar, N.E.R.D, IAM) à dix kilomètres de là, dans l'U Arena de Nanterre.

L'enjeu est le même pour chacun: attirer 40.000 personnes, à 50 euros la soirée pour PSJ, à 59 euros (39 en tarif réduit) pour RES qui proposera en outre vendredi une vingtaine d'artistes en plus tels Mike Shinoda, The Limiñanas, Carpenter Brut, preuve qu'il y aura aussi du rock et de l'électro.

Derrière ce face à face, la concurrence grandissante à laquelle se livrent Live Nation et AEG, les deux plus gros producteurs de spectacles au monde.

Le premier, lié par contrat avec Jay-Z, Beyoncé ou U2, s'est implanté il y a dix ans dans l'Hexagone et a depuis installé ses mastodontes Download et Lollapalooza à Paris, et le Main Square à Lille.

Le second, qui compte dans son écurie les Rolling Stones ou Madonna et organise le festival californien Coachella, vient d'ouvrir son antenne française et il est entré au capital de RES à 50%, à égalité avec la holding LNEI de l'homme d'affaires Matthieu Pigasse.

Une première passe d'armes entre les deux rivaux a eu lieu en décembre, avec Kendrick Lamar pour objet de convoitise.

Rock en Seine pensait avoir réussi à convaincre la star américaine d'être sa tête d'affiche. Mais Live Nation, avec lequel Lamar est sous contrat, s'est aligné sur l'offre de son concurrent pour le "booker" au Paris Summer Jam. Qui plus est le même soir où il devait initialement ouvrir RES.

- Quel vainqueur ? -

"Live Nation a voulu nous nuire, en faisant en sorte que Kendrick ne joue pas chez nous. Vu les faibles ventes de leurs billets, c'est un mauvais calcul", accuse Arnaud Meesserman, directeur d'AEG France et coprogrammateur de RES, joint par l'AFP.

"Ce n’est pas la folie niveau billetterie, mais les derniers pointages sont hauts. Et le public achète souvent à la dernière minute", répond-on du côté de Live Nation France, qui avait peu goûté à l'époque "d'apprendre que RES avait négocié avec l'agent de Lamar" et pas avec Live Nation.

Quoi qu'il en soit, ni Paris Summer Jam ni Rock en Seine ne devrait faire le plein vendredi.

Pour RES, l'enjeu est d'importance car il entre dans une nouvelle ère. La nouvelle directrice du festival, Sarah Schmitt, espère surtout que les choix de programmation lui donneront raison, malgré les nombreuses récriminations d'habitués fustigeant la présence de têtes d'affiche rap sur les réseaux sociaux.

"Chaque niche esthétique a ses aficionados, relativise-t-elle, notant que les pass trois jours ont tous été vendus. Il y a autant de programmateurs potentiels que de festivaliers. Nous, nous réagissons en fonction de la production actuelle."

"On est dans une année de transition. C'est vrai que PNL, Post Malone, Macklemore ce ne sont pas les têtes d'affiche habituelles. Mais il fallait faire cette ouverture pour provoquer un renouvellement générationnel du public, avec des artistes qui correspondent à ses goûts", plaide Arnaud Meesserman, rappelant que "chaque année RES attire 50% de nouveaux venus".

"Après, ça ne veut pas dire qu'on met l'héritage à la poubelle! On a déjà des offres bien engagées pour l'année prochaine avec des groupes qui vont parler au public historique", enchaîne-t-il, assurant n'avoir "jamais pensé changer le nom du festival. Rock en Seine, c'est une marque".

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