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Sacha Baron Cohen, le roi de la provocation à l'assaut des Golden Globes

Quatorze ans après avoir remporté le Golden Globe du meilleur acteur pour "Borat", Sacha Baron Cohen revient à la cérémonie avec deux nominations, sans avoir perdu le goût de la provocation ni le souci de dénoncer les préjugés qui ont fait son succès.

La suite des aventures du désormais légendaire reporter kazakh en mankini, "Borat Nouvelle mission filmée", sorti sur Prime Video l'an dernier, pourrait lui valoir dimanche d'être désigné une nouvelle fois meilleur acteur. Le film est aussi nommé dans les catégories meilleure comédie et meilleure actrice dans une comédie (Maria Bakalova).

Baron Cohen est aussi nommé comme meilleur second rôle dans "Les Sept de Chicago", un drame réalisé par Aaron Sorkin et sorti sur Netflix l'an dernier. Le film raconte l'histoire vraie de sept Américains accusés d'incitation à la révolte dans les années 1960 après une manifestation pacifiste qui avait mal tourné.

Cette reconnaissance d'Hollywoord vient récompenser une carrière qui a explosé en 2006 avec Borat et les pitreries de son acteur, qui n'hésite pas à poser en mankini (un slip de bain s'accrochant derrière le cou) pendant le festival de Cannes.

Dans ce film vulgaire pour les uns, génial pour les autres, Borat, un Kazakh sexiste, antisémite et homophobe, y rencontrait des Américains ordinaires, dans un choc des cultures grinçant.

- "Démocratie en danger" -

Dans une interview au magazine Rolling Stone, Baron Cohen a expliqué que le film se moquait en fait "des gens qui croient que le Kazakhstan que je décris existe".

Le Kazakhstan qui en avait interdit la diffusion, furieux de l'image arriérée du pays véhiculée dans le film, a finalement surfé sur cette popularité en reprenant l'expression "Very nice!" de Borat dans une campagne de promotion touristique.

Dans la suite du film, Sacha Baron Cohen se glisse de nouveau dans la peau du reporter moustachu qui part à l'assaut de l'Amérique.

Lors d'un rassemblement pro-armes, il se fait passer pour un chanteur et entraîne le public à entonner une chanson invitant à injecter la "grippe du Wuhan" à l'ancien président américain Barack Obama.

L'acteur doit fuir lorsque la foule a réalisé qui se cachait sous le déguisement. "Nous étions encerclés par une foule en colère avec des armes", a-t-il révélé à la radio américaine NPR, jurant de ne plus travailler sous couverture.

Sacha Baron Cohen a déclaré qu'il avait repris le rôle de Borat dans le but de tenter d'influencer l'élection présidentielle de 2020 contre Trump car "on pensait que la démocratie était en réel danger".

- "Imposteur" -

Le rôle, et l'image associée, se situent à mille lieues du milieu social dans lequel a grandi cet homme brun à la silhouette longiligne. Elevé dans une famille juive de Londres par un père qui a dirigé des magasins de vêtements, éduqué dans des écoles privées puis à la prestigieuse université de Cambridge, il a rejoint le club de théâtre Footlights, qui a lancé des stars comme Hugh Laurie et des membres des Monty Python.

Il s'est fait repérer en jouant des sketches sur la chaîne de télévision britannique Paramount Comedy Channel, créant le personnage d'Ali G, un rappeur en herbe issu d'une petite ville anglaise, qui a eu sa propre émission, "Da Ali G Show", diffusé à partir de 2000 sur la chaîne Channel 4.

Il a interviewé des responsables politiques et d'autres personnalités persuadés qu'il s'agissait de vraies interviews, en leur posant des questions de plus en plus osées.

Dans cette émission, il jouait aussi Borat, et Brüno, un fashionista autrichien homosexuel et exubérant. Ali G aura droit à son film en 2002, avant Borat en 2006, puis Brüno en 2009.

L'émission a fait de Baron Cohen une star au Royaume-Uni. Le prince William a même révélé que son frère Harry et lui avaient appris à la reine mère à imiter Ali G en claquant des doigts et lançant "Respec'".

Des épisodes ont été diffusés aux Etats-Unis sur la chaîne HBO. Parmi les interviewés, Donald Trump, qui a qualifié l'an dernier Baron Cohen d'"imposteur", ajoutant: "je ne le trouve pas drôle."

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