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Six associations anti-homophobie attaquent Zemmour pour contestation de crime contre l'humanité

Nouvelle plainte contre Eric Zemmour: six associations anti-homophobie ont annoncé à l'AFP avoir déposé plainte mercredi à Paris contre le candidat d'extrême droite à la présidentielle Eric Zemmour pour "contestation de crime contre l'humanité", l'accusant d'avoir nié la déportation d'homosexuels pendant la Seconde guerre mondiale.

Les associations Inter-LGBT, Stop Homophobie, SOS Homophobie, Mousse, Adheos et Quazar visent par cette plainte simple une phrase précise du polémiste-candidat dans son livre paru en septembre, "La France n'a pas dit son dernier mot" (Ed. Rubempré): "La déportation en France d'homosexuels en raison de leur +orientation sexuelle+, comme on dit aujourd'hui, est une +légende+".

Dans ce passage du livre, Eric Zemmour fait à ce moment-là état d'un désaccord avec l'ex-patron de l'UMP (ancêtre de LR), Jean-François Copé, qui avait exclu le parlementaire Christian Vanneste du parti "en raison de la polémique qu'il avait provoquée en affirmant que la déportation des homosexuels depuis la France était une +légende+". Eric Zemmour ajoute : Christian Vanneste "a raison".

"Ce ne sont pas les propos d'Eric Zemmour mais ceux de Monsieur Vanneste qui sont cités dans le livre, confirmés par (Serge) Klarsfeld", le président de l'association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France, a affirmé l'entourage d'Eric Zemmour.

"On s'étonne quand même d'une plainte qui sort à 19 jours de l'élection au sujet d'un livre qui date du mois de septembre, et que toute la presse a scruté sans relever ce passage !", a ajouté l'équipe du candidat à la présidentielle. "Il s'agit d'associations +pro-LGBT+ (et non +anti homophobie+) qui instrumentalisent la justice pour attaquer Éric Zemmour, peut-être car il est le seul à vouloir lutter contre leur propagande dans nos écoles", selon elle.

"Je n'ai pas connaissance de la plainte, je réagirai quand j'en connaîtrai le contenu", a répondu à l'AFP Me Olivier Pardo, avocat d'Eric Zemmour.

Lorsque la polémique avait éclaté en 2012, le président de l'association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France, Serge Klarsfeld, avait déclaré qu'à sa connaissance, il n'y avait pas eu "d'homosexuel déporté de France".

"Parmi les déportés, il y avait des homosexuels mais ils ont été déportés comme Juifs, résistants ou droits communs", avait ajouté M. Klarsfeld.

Dans leur plainte, dont l'AFP a eu connaissance, les associations représentées par Me Etienne Deshoulières affirment au contraire que "la déportation des homosexuels lors de la Seconde Guerre mondiale est une réalité historique établie", qui a été reconnue à plusieurs reprises par des dirigeants français, tels que l'ex-chef de l'État Jacques Chirac en 2005 ou l'ex-Premier ministre Lionel Jospin en 2001.

En se basant sur des travaux historiques, elles affirment qu'"en France, au moins 500 hommes accusés d'homosexualité ont été arrêtés. Parmi eux, au moins 200 furent déportés pendant l'occupation allemande".

D'autres ouvrages plus récents, fondés notamment sur les archives françaises, parmi lesquels "Les homosexuel.le.s en France, du bûcher au camp de la mort" (Ed. Tiresias-Michel Reynaud), écrit par l'historien Arnaud Boulligny, appuient leur plainte.

Les associations accusent M. Zemmour d'avoir "falsifié l'histoire pour justifier ses positions homophobes", et soulignent que "c'est la première fois que des poursuites sont engagées contre les propos niant la réalité de la déportation des homosexuels pendant la Seconde guerre mondiale".

Eric Zemmour a déjà été jugé, et relaxé en première instance, pour "contestation de crime contre l'humanité": il soutient que le maréchal Pétain avait "sauvé" des Juifs français.

Le procès en appel s'est tenu en janvier et la décision sera rendue après la présidentielle des 10 et 24 avril prochain.

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