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Troubles en Iran: l'actrice Golshifteh Farahani déplore un "massacre"

Première actrice iranienne à jouer à Hollywood depuis la révolution de 1979, Golshifteh Farahani déplore dans un entretien à l'AFP la situation "terrible" en Iran où des centaines de personnes sont mortes selon elle au cours d'un mouvement de contestation mi-novembre.

"C'est un massacre, avec des centaines de personnes mortes", se désole l'actrice exilée en marge du festival du film de Marrakech, organisé du 29 novembre au 7 décembre au Maroc, où elle animait une rencontre avec le public.

La contestation a éclaté le 15 novembre juste après l'annonce d'une forte hausse du prix de l'essence, sur fond de crise économique et de récession.

Les autorités ont dit avoir ramené l'ordre en quelques jours. Au prix d'une "horrible tuerie", selon Amnesty International, qui avance un bilan d'au moins 208 personnes tuées par les forces armées. Jeudi l'émissaire des Etats-Unis a estimé que les autorités ont pu tuer plus de 1.000 iraniens dans la répression.

Téhéran, qui qualifie de "mensonges absolus" les bilans fournis par des "groupes hostiles", n'a jusqu'à présent confirmé que cinq décès.

"J'ai appris à ne pas rêver quand il s'agit de l'Iran. On ne peut pas deviner ce qui va se passer demain. Je ne m'attendais pas à ce que le prix de l'essence triple en une nuit. En même temps je sais que le peuple souffre économiquement, politiquement, démocratiquement. Et quand un peuple souffre, ça peut vite exploser", confie la fille du metteur en scène et auteur iranien Bezhad Farahani.

- Exil -

Golshifteh Farahani aurait pu devenir pianiste, après des débuts d'enfant prodige, mais depuis ses premiers pas au cinéma à 14 ans dans "Le Poirier" (1997) de Dariush Mehrjui, elle n'a plus quitté les plateaux.

Sa carrière internationale décolle avec "Mensonges d'Etat" de Ridley Scott (2008), qui n'a pas été du goût des autorités iraniennes.

Critiquée pour avoir posé bras nus aux côtés de Leonardo DiCaprio, elle se résout à l'exil, d'abord aux Etats-Unis puis en France dont elle obtient la nationalité et où elle a mené de nombreux projets.

"Je me suis rendue compte que je préférais être en Europe, au milieu du monde", dit-elle. "Quand on est en exil, on est comme dans un océan, avec comme seul choix de nager, sinon on va mourir."

"Je n'ai pas de passeport iranien en ce moment parce que je ne peux rien faire avec. Mais en même temps je sais que je ne peux pas retourner en Iran, car je ne pourrais plus en sortir. Pourquoi ? Pour tout ce que j'ai fait et tout ce que je n'ai pas fait. A cause de mes films, parce que je suis une femme, pour n'avoir pas porté le voile", estime cette belle brune au visage ovale.

"Tout ce que j'ai fait quand j'ai quitté l'Iran est devenu comme un acte politique, alors que ce n'était pas le cas. Je n'étais pas une politicienne ou une activiste, j'étais juste une actrice, une actrice femme. Si j'étais un homme j'aurais eu un autre trajet", affirme-t-elle.

- "Ethnicité" -

Entre autres difficultés rencontrées au début de son chemin, elle cite les stigmates de son "ethnicité", le problème d'être "toujours choisie pour des rôles du Moyen-Orient". "Ce n'était pas facile", ajoute-t-elle.

"Le début, c'est le moment où on est le plus fragile. Mais je suis contente d'avoir pu avoir une carrière pas seulement dans un cadre Moyen-Orient mais beaucoup plus large que ça (...) je ne me suis jamais trahie moi-même. Et c'est ce qui me rend fière."

Parfois qualifiée d'icône féministe, elle prône "l'unification" des deux sexes plutôt que la "séparation". "C'est la lutte des femmes et des hommes contre l'ignorance et non pas les luttes des femmes et des hommes entre eux."

"Nous sommes unis par un pont qui s'appelle l'art, entre les pays, les sexes, l'âge. C'est plus joli que la séparation. La séparation c'est ce qui nous déchire."

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