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Une des plus grandes collections privées d'estampes japonaises dévoilée à Aix

Une des plus grandes collections privées au monde d'estampes japonaises, celle de Georges Leskowicz, incluant les œuvres majeures des artistes Hokusai et Hiroshige, est dévoilée pour la première fois en France à Aix-en-Provence.

La collection, entamée il y a une dizaine d'années, regroupe aujourd'hui près de 2.000 œuvres dont 200 représentatives de l'ère Edo (1603-1867) sont exposées à l'Hôtel de Caumont, entourées d'objets, boîtes, armures, kimonos et manuscrits prêtés par des musées et d'autres collectionneurs privés.

"Le détonateur a été l'univers de collectionneur de mon père", se souvient Georges Leskowicz, promoteur immobilier franco-polonais de 73 ans, pour expliquer sa quête passionnée de ces merveilles de l'art nippon.

C'est en reconstituant la collection paternelle de manuscrits, dispersée en Europe de l'Est durant la Seconde Guerre mondiale, que Georges Leskowicz, installé à Paris depuis ses études universitaires, a découvert ses premiers livres d'estampes.

La célébrissime "Envers de la grande vague de Kanagawa" d'Hokusai (1760-1849) fait partie des œuvres exposées.

Pour des raisons de conservation, elle sera retirée au bout de cinq semaines pour être remplacée par une autre œuvre d'Hokusai, "Pluie fine au sommet du mont Fuji" puis par un chef-d’œuvre d’Hiroshige, "Averse soudaine sur le pont Shin-Ohashi et Atake".

Hiroshige (1797-1858) dont Georges Leskowicz pense être "le plus grand collectionneur au monde", est aussi son artiste préféré comme précurseur de l'impressionnisme.

"Pour peindre ses paysages, Van Gogh s'en est beaucoup inspiré", affirme-t-il. Le peintre néerlandais avait même réinterprété "Verger de pruniers en fleurs" d'Hiroshige, en 1887.

- Invitation au voyage -

Grâce aux estampes, Georges Leskowicz a appris à poser "un regard différent" sur les tableaux. "Les compositions des estampes japonaises sont magnifiques avec leur profondeur, leur simplicité, elles vous font voyager".

"En France, on ne regarde pas tous les détails, les Japonais eux entrent dans l'estampe et y voyagent", ajoute-t-il.

Parmi les thèmes privilégiés par les artistes, figurent portraits, paysages, motifs inspirés de la nature comme les fleurs, les arbres et les oiseaux mais également des scènes tirées du théâtre, de l'histoire, des légendes ou de la vie quotidienne de l'ancien Japon.

Pour Georges Leskowicz, "les estampes représentent la vie des gens simples car elles s'adressent aux gens simples". D'ailleurs "elles n'étaient pas appréciées au début par les Japonais, ce sont les Européens qui ont fait revivre cet art".

Parmi les œuvres exposées figurent aussi des estampes érotiques, souvent réalisées par des artistes connus, mais non signées, précise la commissaire de l'exposition, Anna Katarzyna Maleszko "parce qu'à l'époque, elles étaient interdites".

L'exposition dévoile aussi des surimono, estampes à tirage limité. Ce sont pour la plupart des commandes privées, souvent demandées par des clubs littéraires ou poétiques, contrairement aux estampes qui sont des commandes d'éditeurs, à plus fort tirage.

"Il y a presque toujours un texte poétique dans le surimono", précise le collectionneur.

Une salle de l'exposition dévoile les techniques de création des estampes et surimono, travail minutieux qui nécessite la participation de trois artistes.

"Il y a le peintre qui crée le dessin, le graveur qui sculpte le bois et le prépare en copiant l'image et enfin l'imprimeur qui mélange les pigments", résume Georges Leskowicz.

La réalisation d'une estampe nécessite 12 à 14 planches de bois, du cerisier, une par couleur.

La toute première exposition publique de la collection Leskowicz a eu lieu en Pologne, en 2017.

Hokusai, Hiroshige, Utamaro, ... Les grands maîtres du Japon, la collection Georges Leskowicz à l'Hôtel de Caumont, Aix-en-Provence du 8 novembre 2019 au 22 mars 2020.

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