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Une égyptologue belge annonce une découverte exceptionnelle: deux reines auraient régné ensemble

Jamais on n'avait imaginé qu'une telle chose soit arrivée dans la civilisation égyptienne. Mais selon Valérie Angenot, s'appuyant sur la comparaison de visages et de gestes sur des oeuvres d'art d'époque, cela s'est bien produit entre les règnes d'Akhenaton et de son fils Toutânkhamon.

Alors que le fabuleux trésor du pharaon Toutânkhamon, découvert en 1922, fait l'objet d'une exposition exceptionnelle à Paris depuis quelques jours, une égyptologue belgo-canadienne originaire d'Esneux (province de Liège), a annoncé, hier aux États-Unis, avoir fait une découverte sensationnelle. Professeure à l'université de Québec à Montréal, Valérie Angenot affirme avoir résolu le mystère de la reine qui a régné entre le pharaon Akhenaton et son fils Toutânkhamon.


"Un cas unique, jamais envisagé"

Jusqu'à présent, deux hypothèses s'affrontaient. Certains pensaient que la reine Nefertiti avait régné après la mort de son époux Akhenaton.

D'autres voyaient plutôt sur le trône la princesse Meritaton, une des six filles du couple.

Mais la conviction de Valérie Angenot, s'appuyant sur des études approfondies de statues et de représentations sur des stèles, crée un coup de tonnerre. Il n'y aurait pas eu une mais bien DEUX reines qui ont régné ensemble. "C'est un cas unique, cela n'a jamais été envisagé", dit-elle (voir la vidéo ci-dessus). Les deux reines étaient soeurs: Meritaton, l’aînée que nous avons citée plus haut, et Neferneferouaton, la cadette, toutes deux filles du pharaon Akhenaton et de la reine Nefertiti, donc soeur de Toutânkhamon qui à 4 ou 5 ans était trop jeune pour succéder à son père.

Jamais jusqu'à présent, on n'avait envisagé que deux reines se partagent le trône. "Je sais que j’aurai à faire face à des sceptiques, parce qu’imaginer deux reines sur le trône bouleverse nos idées reçues et ce que l’on pense savoir du fonctionnement de la société égyptienne", dit l'égyptologue spécialisée en sémiotique (càd l'étude des signes qu'on peut déceler dans une oeuvre d'art et leur signification) arrivée au Canada il y a environ un an.

"Akhenaton, qui avait engendré six filles et un fils tardif de constitution fragile, avait épousé sa fille aînée Méritaton pour la préparer à sa succession et la légitimer. Certains documents semblent indiquer qu’il a ensuite associé au pouvoir une seconde de ses filles, Neferneferouaton Tasherit comme "roi" d’Égypte. Les deux seraient donc montées ensemble sur le trône à sa mort, sous un nom de couronnement commun, ce qui a amplement contribué à semer la confusion chez les égyptologues", peut-on lire dans le communiqué de l'université de Montréal.

Les monuments des deux reines ont été détruits, leur trésor funéraire usurpé par leur jeune frère Toutankhamon

Un règne effacé dès sa fin

Le pharaon Akhenaton est célèbre pour avoir imposé une réforme révolutionnaire, à savoir le concept d'un dieu unique (nommé "Aton") alors que les Égyptiens vénéraient un grand nombre de dieux. D'ailleurs; ce changement radical, qu'on n'imagine guère plaire aux milliers de prêtres, ne fera pas long feu. Après la mort du pharaon, on reviendra bien vite à d'innombrables dieux et on s'acharnera à effacer le plus possible toutes traces d'Akhenation et de sa réforme.

Il semble qu'il en a été de même pour ses deux filles devenues reines. La présence de deux femmes sur le trône était sans doute délicate. D'ailleurs, selon Valérie Angenot, lors de leur première année au pouvoir, une des deux reines régnait sous un déguisement masculin. Ensuite, elles se seraient affirmées comme deux reines féminines. Mais, leur règne achevé et leur jeune frère monté sur le trône (il avait dix ans), on s'est appliqué à faire disparaître les traces de leur passage. "Les monuments des deux reines ont été détruits, leur trésor funéraire usurpé par leur jeune frère Toutankhamon", rappelle l'égyptologue belgo-canadienne. Le fameux masque en or de Toutânkham "appartient en réalité à une de ces deux soeurs", ajoute-t-elle.





Comparaison de visages et de représentations sur des stèles

Comment Valérie Angenot est-elle arrivée à la conviction d'un duo de reines soeurs à la tête de l'Egypte ? L'égyptologue a étudié et comparé attentivement les visages de statues et de représentations sur des stèles. Ses travaux concluent que certaines têtes royales attribuées à Akhenaton ou à Nefertiti sont en réalité à identifier à des portraits reconnus des princesses. C'est notamment le cas d'une statue d'Akhenaton jeune du musée d'Hanovre en Allemagne qu'elle a comparée à une statue d'une des deux princesses gardée au musée de Berlin. Pour elle, pas de doute, les yeux, la forme générale du visage, le menton, les lèvres, le nez amènent à une seule conclusion possible: ces deux visages sont celui d'une seule et même personne.

Le règne conjugué de deux reines viendrait aussi expliquer une stèle du musée de Berlin où un "roi" caresse le menton d'un autre "roi". La professeure Angenot a dévoilé, par une analyse de la gestuelle égyptienne, que l’acte de “caresser le menton” figuré sur la stèle n’était attesté que pour les filles d’Akhenaton et Nefertiti. Les deux rois représentés seraient donc deux reines.


 
 

L'égyptologue belge a obtenu un poste de professeure d'histoire de l'art au Canada en novembre 2017. Ce pays ne lui est pas étranger puisqu'elle y a vécu dans son enfance quand son père y enseignait lui-même. Comment devient-on égyptologue et comment se vit cette profession ? Nous vous proposons la lecture de l'article consacré à l'égyptologue belge.

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