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Au collège public Boris Vian de Croix, des élèves conquis par une cour sans portable

L'interdiction totale du portable dans les collèges est attendue pour la rentrée, mais un établissement public de Croix (Nord) l'expérimente déjà depuis un an, une mesure jugée finalement positive par les élèves eux-mêmes.

"L'interdiction du portable dans la cour? Ça favorise le contact entre les élèves!", lance ainsi Lou, en classe de 3e au collège Boris Vian, dans la métropole lilloise.

Certes, à peine sortie pour aller déjeuner à l'extérieur, cette pré-ado de 15 ans a comme premier réflexe de sortir son téléphone de son sac. "Je suis dépendante: j'ai grandi avec cette technologie", reconnait-elle, lucide, comme bon nombre de ses amis.

Mais, comme le dit Yasmina, lunettes cerclées, "l'année dernière, on était sur nos téléphones et on ne se parlait pas...". Pire encore: Tatiana, tee-shirt de Batman, raconte qu'avant l'interdiction totale, elle envoyait des textos dans la cour à sa copine... alors qu'elle était "à un mètre d'elle".

Revers de la médaille, ce dialogue renoué s'accompagne de "plus de disputes" entre élèves, remarque Yasmina, avouant aussi utiliser en douce son smartphone dans les toilettes...

"Quand je n'ai pas le portable, je me sens vide. Je dois toujours le sentir dans ma poche, sinon, c'est la crise cardiaque assurée", confie également, mi-sérieuse, Tatiana.

A la rentrée prochaine, les portables seront interdits à l'école et au collège, "une loi du XXIe siècle, une loi d'entrée dans la révolution numérique", a défendu le 7 juin le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer.

A Boris Vian, la décision a été prise lors d'un vote à l'unanimité en juin 2017 du conseil d'administration, regroupant direction, représentants des élèves, de l'Association des parents d'élève (APE) et un syndicat des professeurs.

-- Photos des profs --

Selon Jean-François Leman de l'APE, les problèmes liés au portable avaient pris "des proportions phénoménales": des élèves diffusant sur les réseaux sociaux des photos de leur professeur ou des textos envoyés aux parents après un problème de discipline avec un enseignant, ceux-ci rappliquant affolés dans le quart d'heure...

"Des parents demandaient aussi à leur enfant de leur envoyer des textos à la récréation pour leur dire +tout va bien+", soupire M. Leman.

La mesure a finalement été bien accueillie, y compris par les parents. "Le portable est très néfaste pour eux. Il devrait y avoir des sensibilisations à l'école", estime Samira, mère d'un enfant de 15 ans. "Ça devrait déjà être le cas partout", abonde Christine, attendant sa fille de 4e.

La principale de cet établissement de 580 élèves, Sabine Durieux, a noté un appréciable changement d'ambiance lors des "récrés": "on retrouve des petits jouets dans la cour, ils jouent à cache-cache, à chat… Ils bougent et ils font du foot entre midi et deux, alors que l'an dernier ils n'y jouaient plus". Des "incivilités" et le fait que les élèves "ne se parlaient plus" ont motivé cette décision.

Et si jamais les élèves se font "prendre" en train de pianoter sur leur smartphone dans la cour, l'appareil est confisqué et ce sont aux parents de venir le récupérer. Généralement, ils indiquent s'être sentis obligés d'en acheter un lors de la rentrée en 6e. En France, 86% des 12-17 ans possèdent un smartphone.

A la sortie du collège, dans une allée bordée de maisons en briques, Mathilde, en 5e, est l'une des rares à rouspéter. "Parfois c'est compliqué. On ne peut pas joindre les parents quand un professeur est absent. On ne peut même pas communiquer avec eux quand il nous arrive un problème dans la cour de récré".

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