Accueil Actu

Des PC, des montres et des écouteurs en attendant son propre système d'exploitation pour smartphone: que devient le géant chinois Huawei ?

Nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises depuis un an et demi: le géant chinois des télécoms, qui avait atteint son objectif de devenir le premier vendeur de smartphones dans le monde en 2020, est dans le brouillard le plus complet. Les sanctions de l'administration Trump à son égard, qui se basent sur des soupçons d'espionnage et de fraude industrielle, empêchent toute entreprise américaine (et toute entreprise utilisant des technologies américaines) de collaborer ou fournir Huawei.

Ce qui le prive de l'écosystème Google pratiquement indispensable pour les smartphones Android, mais aussi de composants tels que des puces pour processeurs, des écrans, etc. Les ventes de smartphones hors Chine devraient chuter dans les mois à venir. Au niveau des équipements 5G, où Huawei est pourtant l'un des meilleurs, il y a aussi des problèmes de déploiement à cause de la pression des Etats-Unis sur le reste du monde. Bref, c'est compliqué...

Des PC, des montres et des écouteurs

Huawei a une double stratégie pour s'en sortir. La première consiste à se défaire de l'image qu'en ont la plupart des consommateurs belges comme d'une entreprise ne produisant que des smartphones. Le géant chinois de l'électronique propose de nombreux autres produits (deux nouvelles montres et de nouveaux écouteurs) et entend le faire savoir. Il mise surtout, de plus en plus, sur les ordinateurs portables, qui étaient d'ailleurs au centre de sa conférence des développeurs qui a eu lieu cette semaine. 

2020 n'est pas la première année où Huawei investit ce marché en Belgique. L'entreprise chinoise y est en effet présente depuis 2019 et les ventes ont progressé rapidement depuis lors, se félicite Allen Yao, patron de la division consommateurs belge. Et la tendance se poursuit cette année. "En ce qui concerne les ventes, il y a eu 300% d'activation en plus sur les mois d'août et septembre par rapport au 1er semestre" (lors duquel a eu lieu le confinement et la fermeture des magasins durant plusieurs semaines, NDLR), illustre le responsable. Le géant chinois se concentre sur le marché haut de gamme cette année, raison pour laquelle elle lancera en octobre les MateBook 14 (entre 999 et 1.299 euros) et MateBook X Pro (1.899 euros).

Ces appareils fonctionnent avec Microsoft et continueront de le faire à l'avenir, souligne le responsable. Les relations commerciales tendues entre les Etats-Unis et la Chine ne semblent pas avoir d'impact sur le segment des 'laptops', contrairement aux smartphones. Et on se demande bien pourquoi Huawei peut fabriquer des ordinateurs mais pas des smartphones...

Développer son propre écosystème pour smartphone

L'autre stratégie de Huawei, sur le long terme, c'est de ne plus dépendre de Google au niveau des smartphones. L'entreprise développe donc ses propres Huawei Mobiles Services (HMS), qui remplacent ceux de Google et permettent de télécharger des applications et de les faire fonctionner correctement (lien avec la cartographie, etc). 

Ces HMS se développent d'ailleurs rapidement, à en croire Allen Yao. Plus de 70% des applications les plus populaires au monde sont disponibles sur les nouveaux smartphones, que ce soit via un lien renvoyant vers un site internet et permettant de télécharger l'application (comme pour Facebook, Instagram ou WhatsApp) ou via l'AppGallery, l'équivalent du Google Play Store.

Les développeurs n'ont pas grand chose à faire pour publier une version HMS de leur application, car on reste sous Android. Le géant chinois espère avoir 90% des applis les plus populaires d'ici la fin de l'année. "HMS est notre stratégie. On va insister et continuer à la développer", prévient le patron belge, interrogé sur l'éventualité que les Google Mobile Services puissent faire leur retour une fois les relations avec les Etats-Unis apaisées. "Rien n'a changé et ne changera" pour le consommateur, conclut Allen Yao.

Hélas, pour l'instant, il manque encore les applications bancaires belges, tandis que de nombreuses applications disponibles de manière un peu dérobée ne fonctionnent pas (c'est le cas de Netflix et Uber, par exemple), car elles ont besoin des Google Mobile Services. Ces contraintes - sans doute temporaires mais bien réelles - détournent les Européens des smartphones Huawei. Il suffit de choisir une autre marque avec un Android "complet" en magasin, et elles ne manquent pas...

HarmonyOS, un concurrent d'Android et de iOS

Mais Huawei voit encore plus loin pour être parfaitement autonome. Effectivement, ses smartphones, même privés de Google, tournent sous une version open source d'Android, libre d'utilisation. 

Le géant chinois des télécoms accélère donc le développement de son système d'exploitation maison, HarmonyOS. Il serait disponible sur ses smartphones dès l'an prochain.

HarmonyOS, dévoilé l'an dernier, n'équipe pour le moment que certains des produits de la firme de Shenzhen, notamment des téléviseurs connectés. Le système d'exploitation est un logiciel indispensable au fonctionnement d'un appareil électronique. L'immense majorité des téléphones portables dans le monde sont équipés du système Android de Google ou de l'iOS d'Apple.

Lors d'une conférence, l'un des dirigeants de Huawei, Richard Yu, a annoncé que le code source d'HarmonyOS serait accessible en décembre aux développeurs d'applications. Le premier smartphone du groupe fonctionnant avec ce système d'exploitation sera lancé courant 2021, a-t-il précisé. "Nous allons présenter le travail des développeurs chinois au reste du monde, en espérant voir plus de 'TikTok' à l'avenir", a assuré M. Yu, en référence à la populaire application de vidéos courtes dans le collimateur de l'administration Trump.

À lire aussi

Sélectionné pour vous