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Facebook continue sa lutte anti-manipulation politique, l'Iran pointé du doigt

A dix jours de législatives cruciales aux Etats-Unis, Facebook a bloqué vendredi une nouvelle campagne "coordonnée" de manipulation politique orchestrée selon le réseau social depuis l'Iran et visant les usagers américains et britanniques.

Facebook, qui avait déjà bloqué une campagne similaire attribuée à l'Iran au mois d'août, a néanmoins précisé ne pas avoir établi de liens avec le gouvernement de ce pays.

Très critiqué pour ne pas avoir su détecter des campagnes de manipulation de la présidentielle américaine en 2016 attribuées à la Russie, Facebook communique régulièrement sur ses actions destinées à assainir le réseau et a décidé de mettre les bouchées doubles à l'approche du scrutin du 6 novembre et de la présidentielle au Brésil, dont le deuxième tour a lieu dimanche.

L'annonce de Facebook intervient alors que la campagne législative américaine a pris un tour électrique cette semaine avec l'envoi de colis piégés à des figures démocrates. Un suspect a été arrêté en Floride vendredi matin.

En détail, le réseau social a annoncé vendredi avoir supprimé 82 pages et comptes douteux qui avaient "un comportement illégitime et coordonné" et ayant "pour origine l'Iran". Des comptes crées avec de fausses identités, se présentant comme indépendants, agissaient en fait de façon coordonnée pour distiller des contenus politiquement clivants (relations inter-éthniques, opposition au président Donald Trump, immigration).

- Jeter de l'huile sur le feu -

"Les détenteurs de ces comptes ont tenté de cacher leurs identités en se faisant passer pour des citoyens américains, et dans quelques cas britanniques", a expliqué Nathaniel Gleicher, chargé de la sécurité informatique chez Facebook, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes. Il a précisé que ses experts avaient détecté cette activité pour la première fois la semaine dernière.

Toutefois, "nous n'avons pas trouvé de liens avec le gouvernement iranien, nous ne pouvons affirmer de façon certaine qui est responsable" de cette activité, a-t-il ajouté.

C'est la deuxième fois cette année que Facebook bloque une campagne de ce genre venue d'Iran. Fin août, le groupe avait fermé plus de 650 pages, groupes et comptes "non-authentiques" initiés en Iran et qui visaient des internautes au Proche-Orient, en Amérique latine, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Le groupe en avait lié certains à des médias d'Etat iraniens.

Google et Twitter avaient eux aussi supprimé des comptes liés à l'Iran.

Comme pour les campagnes attribuées à la Russie, celle bloquée vendredi a pour objectif de jeter de l'huile sur le feu afin d'attiser les clivages politiques des pays visés.

Parmi les exemples fournis par Facebook, on peut voir une Page appelée "Wake Up America" ("Amérique, réveille-toi"), montrant une photo de Donald Trump avec cette légende : "Le président le plus mauvais et le plus détesté d'Amérique".

Une page appelée "Thirst for Truth" ("Soif de vérité") partage un article de presse sur la Première ministre britannique Theresa May et qualifie son gouvernement d'"inepte et idéologiquement fou".

Environ un million de comptes suivaient au moins l'une des pages supprimées, a notamment indiqué le réseau, qui compte 2,2 milliards d'utilisateurs dans le monde.

Facebook cherche encore à déterminer combien d'utilisateurs ou vu ces contenus, dont certains étaient présents sur Instagram, plate-forme possédée par Facebook.

Pages et comptes remontent à plusieurs années mais ils ont connu l'essentiel de leur activité au cours de l'année écoulée, a indiqué Facebook.

"Compte tenu des élections (américaines imminentes), nous avons pris des mesures dès que notre enquête initiale a été terminée", a encore dit Nathaniel Gleicher, ajoutant avoir prévenu les autorités américaines et britanniques ainsi que la police américaine et le Congrès.

La Russie et son gouvernement ont été officiellement accusés par la justice américaine d'être derrière un grand nombre de campagnes de manipulation politique aux Etats-Unis, ce que le Kremlin a toujours nié formellement.

Facebook a récemment ouvert une "salle de crise" ("war room") dans ses locaux aux Etats-Unis, où se trouve une équipe dédiée à la surveillance de toute activité douteuse susceptible de pouvoir manipuler l'opinion publique au moment d'élections.

Lundi, Facebook a supprimé 68 pages et 43 comptes liés à un groupe brésilien qui est selon un quotidien de Sao Paulo, lié au favori d'extrême droite à l'élection présidentielle de dimanche, Jair Bolsonaro.

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