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Facebook séduit le marché, mais voudrait rassurer aussi les politiques

Facebook continue d'attirer plus d'utilisateurs dans le monde et de croître plus rapidement que les prévisions des investisseurs, malgré les tensions qui se multiplient avec les autorités et de nombreux dirigeants politiques.

Mark Zuckerberg, le fondateur du géant des réseaux sociaux, s'emploie depuis plusieurs semaines à défendre ses principes - et ceux du groupe - en termes de liberté d'expression, de vision de la démocratie, de protection de la vie privée et de lutte contre la désinformation ou les contenus nocifs.

"Certains disent que c'est juste un calcul politique cynique, que nous cherchons seulement à apaiser les conservateurs. C'est faux. Nous sommes critiqués des deux côtés. Si notre but est de plaire à tout le monde... eh bien nous ne sommes pas très bons, parce que j'ai l'impression que tout le monde est énervé contre nous", a-t-il déclaré mercredi lors d'une conférence pour les analystes.

Il faisait notamment référence à sa décision d'autoriser les publicités politiques sur ses plateformes, même si elles contiennent des mensonges ou contre-vérités, alors que Twitter vient de décider de les interdire.

De nombreuses personnalités politiques américaines, notamment des candidats démocrates à l'élection de 2020, s'insurgent contre cette mesure, qui selon eux favorise le président Donald Trump et sa propension à répandre théories du complot et fausses informations.

- Bonnes affaires -

Même un groupe d'employés a manifesté son désaccord dans une lettre ouverte, estimant que cette décision "ne protège pas l'expression, elle permet à des politiques d'exploiter notre plateforme comme une arme en ciblant des utilisateurs qui croient que les contenus venant de leur part sont dignes de confiance".

Cette polémique n'est que la dernière en date. Le groupe de Menlo Park les enchaîne, de son projet de monnaie numérique, libra, qui suscite une large hostilité, aux questions de respect de la vie privée en passant par des accusations de pratiques anti-concurrentielles.

Mais du côté des affaires, tout va bien. Au troisième trimestre, Facebook a gagné 17,65 milliards de dollars, soit 29% de plus qu'il y a un an, essentiellement grâce aux recettes publicitaires, et dégagé un bénéfice net de 6,1 milliards, salué en Bourse car supérieur aux attentes des investisseurs.

La plateforme compte désormais 2,45 milliards d'utilisateurs mensuels actifs (+8% sur un an), sur au moins une de ses plateformes, Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger.

"Les annonceurs continuent de soutenir Facebook malgré les nombreuses polémiques qui visent l'entreprise, et la base d'utilisateurs continue de grandir dans le monde", remarque Debra Aho Williamson, analyste chez eMarketer. "Facebook fait face à de nombreux défis mais augmenter ses revenus et son nombre d'utilisateurs n'en font pas partie".

Il n'empêche, le patron du groupe florissant est bien décidé à redorer son blason éthique. Il a multiplié les apparitions ces dernières semaines, d'une réunion avec les employés diffusée en public sur Facebook à un discours dans une université, en passant par une audience de plusieurs heures devant une commission parlementaire américaine.

- La possibilité du désaccord -

"Certains personnes disent que notre modèle consiste à construire un système qui encourage les contenus inflammatoires, pour alimenter notre business. Au contraire. Je pense que nous avons fait plus que toute autre grande plateforme internet pour encourager les comportements positifs", a-t-il argumenté mercredi.

"Nous ne fixons pas d'objectifs en termes de temps passé sur nos services, (...) nous avons pris des mesures contre les +pièges-à-clics+ et la polarisation, et nous envisageons d'enlever les décomptes de +like+", a-t-il détaillé.

Selon le jeune milliardaire, les critiques de son réseau ne devraient pas perdre de vue le contexte global, à savoir la compétition avec l'écosytème numérique chinois, "fondé sur des valeurs très différentes".

"Pendant ce temps, nous ne sommes pas d'accord sur +où fixer la limite sur tel ou tel sujet+, mais au moins nous pouvons ne pas être d'accord... C'est ça la liberté d'expression".

Facebook a lourdement investi depuis 2018 pour rétablir la confiance, depuis les révélations de fuites de données massives et de campagnes de manipulation de l'opinion menées sur sa plateforme en 2016.

Le groupe emploie plus de 43.000 personnes, 28% de plus qu'il y a un an, et a enregistré une hausse de ses coûts de 32% à 10,5 milliards de dollars au troisième trimestre.

Ses équipes dédiées à la sécurité ont mis fin ces derniers mois à plusieurs opérations de désinformation menées par des groupes étrangers (le plus souvent russes) pour influencer des électeurs américains ou dans d'autres pays.

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