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JO-2018 à Pyeongchang: les médias français face aux matins calmes

Epreuves très matinales en raison du décalage horaire et disciplines pas forcément toutes connues des amateurs de sport français: les jeux Olympiques d'hiver de Pyeongchang (Corée du Sud), posent un défi aux médias hexagonaux qui vont les diffuser jusqu'au 25 février.

Du côté de France Télévisions, principal diffuseur des Jeux, "on fera des records d'audience la nuit, peut être pas des records tout court", reconnait Laurent-Eric Le Lay, le directeur des sports.

La Corée du Sud enregistre un décalage horaire de 8 heures par rapport à la France. A titre d'exemple, quand il sera 8 heures à Pyeongchang, il sera minuit dans l'Hexagone.

Pour s'adapter à des épreuves qui vont de fait, pour le public français, se dérouler surtout la nuit et le matin, France Télévisions diffusera les JO quasiment 24h/24 à partir de vendredi jusqu'au 25 février, avec du direct sur France 2 (à partir de 1H du matin), France 3, et en ligne, avec également des florilèges des épreuves sur France 4 et franceinfo.

Paradoxalement, la diffusion nocturne, à des heures où le groupe propose habituellement des rediffusions, permet cette année de diffuser davantage d'épreuves, avec 350 heures en direct de Pyeongchang, contre 220 pour les JO de Sotchi en 2014 (mais 700 heures pour les JO d'été de Rio en 2016). Le groupe public a envoyé une centaine de salariés au pays du matin calme.

Au contraire, RMC (groupe SFR), autre diffuseur officiel, trouve que "le décalage horaire est très favorable" pour ses programmes, puisque la radio enregistre des pics d'audience pendant la matinale de Jean-Jacques Bourdin, comme l'indique François Pesenti, directeur de SFR Sport.

Partenaire du comité olympique français, RMC émettra en direct du Club France, et proposera un duplex de Pyeongchang de 4h30 à 8h30, puis de 13h à 16h avec une émission spéciale d'Eric Brunet et la première heure de l'émission sportive "Moscato show".

- Efforts de pédagogie -

"Si les Français obtiennent des médailles, les auditeurs vont s'y intéresser autant qu'aux JO d'été. Ça dépasse le cadre habituel des sports d'hiver", espère M. Pesenti. Le groupe a envoyé 15 personnes en Corée, qui prépareront aussi des sujets pour les chaînes télé du groupe.

Les JO sont aussi un défi pour le journal L'Equipe, les compétitions démarrant à l'heure où le quotidien est sous presse. La version papier présentera les événements prévus dans la journée et reviendra sur les exploits de la veille, mais une édition numérique 100% JO, diffusée à 17h, donnera des nouvelles toutes fraîches, à l'heure où les lecteurs quittent le travail.

"Les JO d'hiver ont un impact très mesuré par rapport aux JO d'été ou à la Coupe du monde de football", admet Jérôme Cazadieu, directeur de la rédaction de L'Equipe. "Mais ça a un peu changé, notamment avec le biathlon depuis 2015", diffusé par la chaîne de télévision du groupe.

L'Equipe envoie 15 personnes sur place, dont 4 photographes. Des journalistes travailleront aussi la nuit en France.

L'Agence France-Presse a également adapté son dispositif. En plus des reporters sur place, "nous avons ouvert dès cette semaine un desk dédié, basé à Paris, qui s'assurera notamment que les médias disposent de synthèses bien écrites dès 5h00 ou 6h00 du matin", explique Didier Lauras, chef du département des sports.

Les médias devront en outre intéresser les Français à certaines disciplines méconnues dans l'Hexagone. Les rédactions s'appuieront sur des consultants pour faire de la pédagogie : Luc Alphand ou Philippe Candeloro sur le service public, et sur RMC Nathalie Péchalat (patinage), Sandrine Bailly (biathlon) ou Jean-Luc Crétier, qui fête les 20 ans de sa médaille d'or en descente aux JO de Nagano.

Hors antenne, France Télévisions présentera chaque jour des extraits des compétitions sur une chaîne dédiée de Snapchat, réseau social prisé des jeunes. Le groupe répondra également aux questions des spectateurs via l'assistant vocal de Google.

L'Equipe s'appuiera de son côté sur des infographies animées et proposera aussi des reportages plus longs sur certains événements.

Du 9 au 18 mars, ces mêmes médias couvriront aussi depuis la Corée les jeux paralympiques, avec notamment des directs de 2 à 8 heures du matin sur France Télévisions.

Ces dispositifs serviront de préparation grandeur nature pour les prochains Jeux d'été et d'hiver (Tokyo 2020 et Pékin 2022), prévus à des horaires voisins, pour lesquels les droits de diffusion, liés aux JO de Paris 2024, sont très disputés.

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