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Le Brexit, une chance pour les fintech lituaniennes

Le divorce du Royaume-Uni avec l'UE peut profiter à la Lituanie, qui cherche à devenir un pôle d'attraction pour les fintech du Nord de l'Europe - les start-up financières innovantes et les technologies blockchain.

Rivalisant avec le Danemark et la Suède, ainsi qu'avec les autres pays baltes membres de la zone euro, l'Estonie et la Lettonie, pour attirer les investisseurs dans l'économie numérique, la Lituanie a accordé 51 licences aux sociétés fintech depuis 2016, dont 32 l'année dernière. Dix-neuf autres demandes sont à l'étude, selon la banque centrale.

On appelle fintech les sociétés qui développent de nouveaux logiciels, applications ou modèles d'affaires dans le secteur financier, dont ceux concernant les technologies blockchain et les cryptomonnaies.

La blockchain permet de créer des systèmes de paiement de pair à pair à coût zéro. Cette technologie a démarré en 2009 sous la forme d'un grand registre public crypté pour la principale cryptomonnaie, le bitcoin.

- Grands noms -

Parmi les sociétés qui frappent à la porte de la Lituanie, on trouve de grands noms comme la start-up fintech britannique Revolut, qui a demandé une licence bancaire européenne il y a trois mois par l'intermédiaire de la banque centrale lituanienne.

"Personne ne sait ce qui sortira du Brexit, mais une licence bancaire en Europe continentale permet de réduire les risques", a dit à l'AFP Andrius Biceika, chef de Revolut dans les pays baltes.

Le groupe de paiements Contis basé en Grande-Bretagne, les consultants financiers deVere et la société de Singapour InstaReM, spécialisée dans les transferts financiers internationaux, figurent également parmi les sociétés ayant sollicité ou obtenu une licence fintech en Lituanie.

La banque centrale a révélé être en contact avec plus de cent autres sociétés, dont 24 britanniques.

Elle a déroulé un tapis rouge devant les sociétés fintech pour la première fois en 2016, dans l'espoir de renforcer la concurrence dans le secteur bancaire, dominé par des groupes nordiques tels que Swedbank ou SEB.

Cette année-là, le vote des Britanniques en faveur de la sortie de l'UE a offert à Vilnius une opportunité de séduire des sociétés étrangères à la recherche d'un point de chute sur le marché européen après le Brexit.

"Nous avons vu une opportunité et nous l'avons saisie", a dit à l'AFP un membre du conseil de la Banque de Lituanie, Marius Jurgilas.

Selon lui, la banque offre des procédures rapides et un environnement régulateur ouvert: elle promet maintenant la monnaie électronique et des licences de paiement au bout de trois mois, un délai bien plus court que dans la plupart des pays de l'UE.

Pour la Lituanie, pays de 2,8 millions d'habitants touché par la fuite des cerveaux vers l'Ouest, il est crucial d'attirer des jeunes instruits et talentueux par des emplois bien payés.

- Vols directs -

Mantas Katinas, qui dirige l'agence lituanienne pour les investissements étrangers, pense que les autorités doivent augmenter le nombre de vols directs vers Londres et développer l'e-résidence, une sorte de programme d'identité digitale mondiale, lancé en premier par l'Estonie en 2014, utile aux investisseurs.

La banque centrale s'est jointe au jeu pour attirer les sociétés fintech utilisant la technologie blockchain. D'ici deux ans, elle lancera une "sandbox", plateforme sous forme de service, baptisée LBChain pour permettre aux entreprises de tester et adapter leurs services.

Pour Jurgilas, ce projet "peut sortir du cadre financier et devenir une plateforme technologique pour tout le secteur public".

Par ailleurs, l'eurodéputé et homme d'affaires Antanas Guoga a lancé un centre de blockchain à Vilnius le mois dernier pour encourager les start- up et établir des liens avec l'Asie et l'Australie.

- Vols d'identité -

Les experts et les régulateurs devront aussi se pencher sur les risques de vols d'identité. L'industrie blockchain en Lituanie est déjà touchée.

Il y a deux semaines, un groupe d'experts locaux de blockchain a annoncé avoir été victime d'un vol d'identité. Leurs noms ont été cités par une start-up, Prodeum, qui a disparu avec l'argent des investisseurs.

L'Union européenne cherche à rendre plus strictes les règles concernant la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme au moyen de plateformes de change pour les cryptomonnaies.

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