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Les Européens bientôt privés de Facebook et Instagram?

Meta, la société-mère de Facebook et Instagram, menace de supprimer ses réseaux sociaux pour les Européens. En cause : une décision de justice qui interdit que les données des Européens transitent par les États-Unis.

"Si un nouveau cadre n'est pas posé pour réguler le transfert de données des utilisateurs européens vers les serveurs américains, il est peu probable que nous soyons en mesure de proposer certains de nos produits et services clés, dont Facebook et Instagram, en Europe", explique Meta dans son rapport annuel.

Cette situation résulte de l'annulation par la justice européenne de l'accord d'échange de données américano-européen appelé Privacy Shield. Selon la Cour de justice de l'UE, les données personnelles sont moins protégées aux États-Unis qu'en Europe. Facebook avait alors immédiatement prévenu que cette mesure pourrait avoir des conséquences pour l'entreprise, qui dépend du traitement des données des utilisateurs pour pouvoir proposer des publicités en ligne ciblées.

Possible et même souhaitable de s'en passer pour certains

D'où cette question : pourriez-vous vous passer de Facebook et/ou Instagram ?

Selon un coup de sonde réalisé ce lundi dans la région de Charleroi, certains s'en passeraient volontiers. "Instagram je suis un peu plus active après c'est encore quelque chose dont on peut se passer. Ce serait même mieux j'ai l'impression. On ne demande même plus aux gens ce qu'ils font puisqu'on l'a vu et on communique moins quoi", déplore une jeune femme. "Je trouve qu'il n'y a quand même pas grand-chose qui y circule à part des critiques donc du coup ça ne m'intéresse pas forcément de consulter ce genre de site", explique un homme.

Une catastrophe pour d'autres

Par contre, pour d'autres, se passer de Facebook ou Instagram serait un coup dur. "C'est très très très important. On voit tout ce qui se passe dans votre village. Ou vous pouvez avoir des renseignements. C'est très important à mon âge", expliquait une dame… d'un certain âge. "C'est le quotidien. On sait tout ce qui se passe chez nous, un peu partout, sur les commerçants", insistait autre.

Le mot clé est lâché : les commerçants. Ce seraient eux les plus touchés par une telle mesure. Vincent Taton, le gérant de la société Fashion Club dont la communication et donc les affaires sont étroitement liées à Facebook, peut-il se passer du réseau social ? "C'est non dans la mesure où nous sommes en contact permanent avec nos clients. On a quand même une grosse communauté de followers, entre 13.000 et 15.000. Nous sommes en contact tous les jours. On fait des ventes aussi assez souvent, voire même tous les jours."

Une dépendance qui s'est renforcée avec le confinement. Facebook a remplacé le site internet classique. Les outils de promotion proposés facilitent les affaires. "Nous avons une Community Manager qui s'occupe de ça pour nos boutiques et nous sponsorisons, nous payons une publicité pour cibler une zone géographique, pour cibler un produit", ajoute-t-il.

Meta met la pression

Si Meta répète à l'envi qu'elle ne souhaite absolument pas quitter l'Europe, elle met cependant la pression pour que les décideurs européens mettent en place un nouvel accord transatlantique sur les données… pour leur permettre à nouveau de remplir les serveurs américains. "La simple réalité est que Facebook, et de nombreuses autres entreprises, organisations et services, s'appuient sur des transferts de données entre l'UE et les États-Unis pour fournir des services mondiaux", argumente Meta. À ses yeux, les entreprises ont besoin de règles mondiales "transparentes et sans ambiguïté" pour sécuriser durablement la transmission transatlantique des données.

Dans la balance, elle place justement l'enjeu économique : sans Facebook ou Instagram, les entreprises européennes perdraient de la valeur. De plus, Meta n'est pas la seule à surveiller l'évolution de ce dossier. Elles seraient une septantaine d'entreprises internationales. Selon Meta, SAP, Siemens et GSK ont déjà évoqué cette situation créée après l'annulation du Privacy Shield. D'autant qu'outre l'Europe, Meta se voit confrontée à des restrictions de collecte de données par divers gouvernements mais aussi par Google et Apple.

Ce que Meta se garde bien de mentionner, c'est qu'en l'absence de ses 2 réseaux sociaux phares, entreprises et particuliers en Europe migreraient simplement vers d'autres réseaux sociaux qui, eux, resteraient disponibles et n'enverraient pas leurs données vers des pays où elles ne sont pas aussi sécurisées qu'ici.

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