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Les tests de Mathieu: Sony est à nouveau trop "puriste" avec son Xperia 1, un smartphone à 999€

Le géant japonais de l'électronique peine à convaincre sur le marché très concurrencé du smartphone, où son approche peu audacieuse lui a déjà coûté très cher. Des changements sont en vue, mais le Xperia 1 est encore de l'ancienne école. C'est-à-dire performant mais cher, et qui se démarque sur des caractéristiques qu'on n'attend pas forcément…

S'il y a une marque qui avait tout pour réussir, et qui est passé complètement à côté du virage du smartphone, c'est bien Sony.

Le géant japonais, en 2001, s'était allié avec Ericsson, concurrent de Nokia à l'époque dans le petit monde en effervescence du GSM. Sony Ericsson a performé sur un marché peu saturé à l'époque. En 2011, alors que l'iPhone décollait, Sony a racheté les parts d'Ericsson et a renommé la joint-venture Sony Mobile.

Cette entreprise (bien distincte du reste du groupe à l'époque) avait d'innombrables cartes en main pour réussir: l'expertise des divisions TV, photographie, jeu vidéo, audio, sans oublier les contenus en provenance de Sony Pictures et Music. Mieux: c'est Sony qui fabrique – toujours maintenant – la majorité des capteurs photos haute qualité intégrés dans les smartphones des plus grandes marques.

Et pourtant, sans doute à cause de la taille considérable du conglomérat nippon, rien n'a été assez concret ou assez vite. Les ventes de smartphones n'ont jamais décollé à cause de choix discutables, tandis que les nouveaux-venus chinois, Samsung et Apple tiraient leur épingle du jeu.

Les restructurations se sont enchaînées dans le département et au printemps 2019, Sony Mobile a finalement été intégré au sein d'une nouvelle entité: Sony Electronics Products & Solutions. Cette division comprend les produits de la marque qui tournent autour des smartphones, de l'audio, de la photo, de la vidéo et des télévisions, qu'ils soient à destination du grand public ou des professionnels.

Gageons que cette fusion s'accompagne d'une vision plus claire de ce que doivent être les smartphones de Sony, vendus sous la marque Xperia depuis de longues années. D'ailleurs, ne faudrait-il pas abandonner le nom pour marquer la rupture ?



Un bon smartphone sous Android 9, mais à quel prix !

Le Sony Xperia 1 (999€) est le dernier smartphone haut-de-gamme du géant japonais. Il est sorti l'été dernier. Entretemps, un Xperia 5 (799€) plus petit a été présenté à l'IFA en septembre, et sera bientôt disponible.

Le Xperia 1 est assurément un smartphone performant, avec l'une des puces les plus puissantes de l'année (Snapdragon 855) épaulée par 6 GB de RAM. Il faut cependant se contenter de 128 GB de stockage interne et d'une batterie de 3.330 mAh, deux caractéristiques un peu limite vu le prix demandé par Sony… Il est étanche, ce qui est toujours bienvenu, et son look est très classe, surtout dans le blanc de ma version de test. La finition, point fort de Sony, est très soignée.

Niveau logiciel, Sony applique une surcouche très légère à Android 9, avec tout de même d'inutiles applications maison comme une galerie photo et d'autres "services Xperia" encombrants… Il n'était pas encore mis-à-jour vers Android 10 au moment de terminer ce test.

Le Japonais est par ailleurs le seul à utiliser un déverrouillage avec capteur d'empreintes digitales sur la tranche. Il s'avère rapide et efficace même si on aurait aimé un autre capteur sous l'écran, très pratique. On retrouve aussi sur la tranche un bouton dédié à la prise de vue, idéal pour ne pas avoir à tapoté l'écran. Tous les boutons, y compris le volume, sont concentrés sur la moitié inférieure du côté droit, donc bien rassemblés pour un usage à une main. J'apprécie :

Deux spécificités surprenantes

Sony mise tout sur deux caractéristiques qui ne sont pas forcément les plus demandées par le grand public. Il s'agit d'abord d'un écran OLED de 6,5", de format 21:9 (type cinéma, donc), très haute définition (3.840 x 2.160 pixels) et qui se veut d'une grande fidélité au niveau des couleurs. Dans les paramètres, on apprend qu'il respecte des normes très pointues en la matière (voir ci-dessous). Malgré tout, je n'ai pas été épaté par cet écran, qui me semble peu lumineux et aux couleurs un peu ternes comparées aux autres que j'avais sous la main (Huawei P30 Pro et OnePlus 7 Pro). Comme quoi, fidélité ne rime pas toujours avec enthousiasme. C'est cependant un choix typique de Sony, comme s'il adressait ses smartphones aux professionnels de l'imagerie.

L'autre point mis en avant par Sony, c'est la qualité des photos (ça, c'est bien) mais aussi des vidéos dont l'enregistrement en 4K peut se faire à l'aide d'une application dédiée baptisée Cinema Pro, d'ailleurs préinstallée sur l'écran d'accueil. Peu évidente à prendre en main (voir ci-dessous), à nouveau elle s'adresse à une clientèle très ciblée, et désireuse d'appliquer des procédés professionnels à la prise de photo sur smartphone.

D'ailleurs, sur sa page officielle, Sony annonce la couleur: le Xperia 1 "intègre les technologies des moniteurs, appareils photo et équipements audio professionnels de Sony, pour offrir la plus belle expérience sur un smartphone".


 

A côté de l'essentiel, sauf en photo

La stratégie de Sony est donc déroutante, même si elle est typique du japonais, un peu trop puriste par moment. Les smartphones sont des outils grand public, et non des caméras professionnelles. Il est intéressant de mettre de l'expertise dans les fonctionnalités photo/vidéo, mais il ne faut pas en faire trop…

Heureusement, les trois capteurs photo du Xperia 1 font de l'excellent travail. Le principal, de 12 MP, s'en sort très bien, il allie netteté et fidélité. Le deuxième est un grand-angle de 12 MP qui permet de prendre un plan plus large tout en restant assez proche du sujet. Le troisième permet du zoom 2x de bonne qualité, mais il est loin du 5x proposé par le P30 Pro de Huawei depuis le printemps. De manière générale, toutes mes photos étaient convaincantes, en pleine lumière comme dans les environnements plus sombres.

En se concentrant sur un écran hyper réaliste et des capacités d'enregistrement vidéo de type professionnel (au niveau logiciel), Sony passe à côté de l'essentiel: l'expérience utilisateur.

Ce dernier a besoin de quoi ? D'un bel écran, d'un bon appareil photo, d'une fluidité maximale de l'interface et d'une autonomie correcte. A 999€, les quatre doivent être réunis, sans discussion. Et force est de constater que l'autonomie fait un peu défaut ; que l'écran, même s'il est fidèle à des normes d'images pointues, m'a semblé un peu terne ; que l'ergonomie n'est pas top, à cause de ce format 21:9 qui ne manque pas de charme, mais pour lequel peu d'application sont prévues (toutes celles qui sont à l'horizontal, comme les jeux vidéo, Netflix, etc).

Sony a certes prévu des gestes pour naviguer plus facilement à une main et faire du multiscreen en affichant deux applications dans deux carrés superposés, mais là aussi, ce n'est guère intuitif: il faut frôler le bord de l'écran de haut en bas ou de bas en haut avec le pouce… J'ai essayé de m'y habituer mais c'est trop complexe.

En conclusion, difficile de vous recommander chaudement le Xperia 1, du moins tant qu'il coûte 999€. Il y a des alternatives moins onéreuses, tout aussi généreuses, mais qui comprennent mieux les besoins et les envies de l'utilisateur lambda (je pense immédiatement au OnePlus 7T).

Le haut-de-gamme 2019 de Sony reste un excellent appareil, mais il s'adresse aux puristes, aux vidéastes mobiles exigeant, ou à ceux qui veulent vraiment se différencier.


 
 
 
 
 
 
 

 

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